Résumé de la 18e partie n Obligée de choisir un époux, Djazia a regroupé ses prétendants pour les soumettre à un test. Dhiyâb figure parmi eux. — Bienvenue, répète la jeune femme. Un des hommes s'adresse à la jeune femme ; — Djazia, tu nous as demandé de venir et nous sommes venus. Il est temps que tu choisisses parmi nous celui que tu veux pour époux ! — Et si j'en choisis un, les autres ne m'en voudront-ils pas de les avoir écartés ? — Oui, mais à condition que tu justifies ton choix, que celui que tu auras choisi soit plus méritant que les autres ! La jeune femme sourit. — Je vous l'ai dit : je choisirai le plus perspicace d'entre vous ! Quelqu'un demande avec inquiétude : — Tu vas, comme à l'accoutumée, nous poser des énigmes ? — Non, non, dit la jeune femme, je vous invite à manger ! Les prétendants regardent Djazia, surpris, puis ils se regardent ; — Elle nous invite à manger ! — Oui, dit la jeune femme : du rfis que j'ai préparé moi-même à votre intention... Le rfis, ce plat très recherché par les nomades, est composé de semoule grillée et de dattes écrasées (ghars). C'est un plat de choix que l'on offre aux hôtes que l'on veut honorer. Sans tarder, Djazia ramène le grand plat de couscous, la gasâ, le rfis paraît plus sombre que d'habitude, mais les hommes n'y font pas attention. Ils se disent que si Djazia leur offre à manger, c'est sans doute pour les observer et juger de leur façon de se comporter : aussi, chacun essaie-t-il de bien se tenir, de ne pas se montrer gourmand. Djazia, en effet, les observe de loin, épiant les gestes et surtout les réactions de chacun, car son rfis n'est pas un rfis normal : c'est de la semoule grillée mélangée de cendres. Il n'y a qu'une mince couche de rfis avec des dattes écrasées — dont elle a laissé à dessein les noyaux — mais au fond du plat. Les prétendants mangent sans s'apercevoir de la supercherie. Il n'y a que Dhiyâb qui, dès la première bouchée, a remarqué que c'est de la semoule mélangée à des cendres. Il s'est rendu compte également que le vrai rfis se trouve au fond du plat, c'est pourquoi, il plonge profondément sa cuiller pour en retirer; il mange, crache discrètement les noyaux qu'il cache dans un pan de son vêtement. Un homme finit par poser la cuiller. Le rfis qu'il a mangé a mauvais goût mais par politesse, il dit : — C'était bon ! Un autre pose également sa cuiller ; — Oui, c'est le meilleur rfis que j'aie jamais mangé ! Tous s'arrêtent finalement : ils sont rassasiés de semoule mêlée de cendres mais aucun ne s'est rendu compte de la supercherie. Dhiyâb qui, lui mange du vrai rfis, aurait bien continué, mais il pose également sa cuiller. — Oui, dit-il, satisfait, c'est du bon rfis ! (à suivre...)