Abdelkader rentre rarement au marché Ali-Mellah. Cela fait en tout cas longtemps qu'il n'y a pas mis les pieds. «Avant, je l'évitais de peur des voleurs. Aujourd'hui, je l'évite à cause des prix.» Dans ces lieux, on a droit à la criée, aux étals aux couleurs vives, à des produits frais et même à des senteurs. Un vrai régal s'il n'y avait pas la foudre de la mercuriale. Kader n'est pas de ceux qui font la pression sur la demande pour préparer le lit de la spéculation. Dans son gros panier en osier dorment quelques tomates, des courgettes, des poivrons et des carottes. Affairés à dénicher le meilleur produit à bas prix, il n'en trouve point. Toutes les denrées sont presque hors de portée. Les prix fous l'empêchent même de contempler les bonnes victuailles. Non loin de là, une femme se procure le plaisir de toucher les légumes au milieu du brouhaha. Une heure après, elle n'a fait aucune commande. Sa petite fille collée à ses basques, réussit tout de même à obtenir une toute petite pomme de la belle saison grâce à son petit sourire coquin qui n'a pas laissé indifférent un commerçant.