Résumé de la 1re partie n Le mystère des Bermudes commence au XVIIe siècle. En cinglant, en ce début du mois de juillet de l'an de grâce 1609 en direction de la Virginie, nouvelle colonie de Sa Majesté la reine d'Angleterre en Amérique, le capitaine George Somers ne se doutait pas qu'il allait vivre l'aventure de sa vie. Son bateau, «Le Venture», transporte 150 colons anglais, résolus de chercher la fortune dans le Nouveau Monde. Il y a des hommes, des femmes et des enfants, et tous ont confiance dans le chef de l'expédition, un navigateur expérimenté, qui a déjà mené plusieurs groupes de colons par les mers. Ce n'est pas un homme qui se laisse impressionner. Pourtant, une nuit, alors qu'on approchait de la «zone du diable», il a été le témoin d'un phénomène qui l'a bouleversé : une sorte de lumière a jailli, on ne sait d'où et s'est mise à danser, comme une chose vivante, allant d'un hauban à un autre. La «chose» a, ensuite, pris d'assaut le mât, s'est maintenu dessus, à mi-hauteur, avant de diminuer d'intensité, puis de disparaître. «Qu'est-ce que c'est que ?» se demande Somers. La lumière réapparaît brusquement. Elle se met de nouveau à scintiller, comme une étoile, puis disparaît de nouveau. Il regarde autour de lui, mais s'aperçoit qu'il est seul. C'est une chance qu'un membre de l'équipage ou un passager n'ait pas assisté à cette étrange scène. Il aurait certainement été effrayé et il aurait transmis sa peur à d'autres et la panique se serait installée à bord. Bien sûr, Somers a entendu parler de cette zone du Diable, et ce qui lui paraissait jusque-là comme une superstition, devient réalité : il y a, dans ces parages de l'océan, une force maléfique qui vient de se manifester en lui. Il gardera, bien sûr le secret, mais il va se confier à son journal de bord. Son témoignage, qui sera connu plus tard, va inspirer à Shakespeare une de ses œuvres les plus célèbres : La Tempête, où la lumière mystérieuse sera représentée par l'esprit Ariel. On se rappelle ce passage de la pièce où Ariel, vantant ses exploits, s'exclame : «J'ai abordé le navire du roi, tantôt sur le bec, tantôt sur le tillac, sur la dunette, dans chaque cabine, j'ai suscité la surprise...» En attendant que Shakespeare écrive ces passages immortels, Sir Somers va tout faire pour éloigner, au plus vite, son bateau, de cette zone maudite ! Hélas, alors que jusque-là on voguait sur une mer tranquille, poussée par des vents moyens, voilà que le ciel se couvre brusquement et que les flots se mettent à monter. Une tempête s'annonce et Somers sait que dans ces zones de l'océan, elles peuvent être terribles. Et celle qui s'annonce va l'être particulièrement. Très vite, des éclairs terrifiants zèbrent le ciel et le tonnerre fait rouler un infernal grondement de tambour. «La tempête arrive !» La mer se gonfle et les vagues atteignent des hauteurs qui épouvanteraient les marins les plus expérimentés. Sir George Somers, qui sait garder son sang-froid, a fait mettre les femmes et les enfants à l'abri, mais a gardé, sur le pont, tous les hommes. Prenant lui-même le gouvernail, il crie à son équipage les ordres. (à suivre...)