Résumé de la 63e partie n Neil essaie de se remémorer comment il a atterri avec Sharon dans ce cachot, mais il ne comprend pas pourquoi certains détails lui échappent. Il ne voulait pas y penser. Sharon disait : «Respire lentement, Neil. Ne pleure pas, Neil, tu es courageux.» Elle aussi pensait sans doute qu'il n'était qu'un pleurnicheur. Il pleurait quand elle était arrivée, tout à l'heure. C'était toujours la même chose quand il refusait le thé et les toasts que lui préparait Mme Lufts. EIle disait : «On va être obligé de l'emmener en Floride avec nous, Neil. Il faut que tu te remplumes.» Et voilà. C'était la preuve. Si papa se mariait avec Sharon, ce serait comme le disait Sandy. Personne n'a envie de garder un enfant malade, et il partirait avec les Lufts. Et il s'était mis à pleurer. Mais Sharon n'avait pas l'air fâché qu'il soit malade maintenant. De sa drôle de voix, elle disait : «Inspire... expire... lentement, respire par le nez...» Il essayait de lui obéir, inspirer... expirer. «Tu es courageux, Neil. Pense à ce que tu diras à tes copains.» Parfois, Sandy demandait de raconter le jour où on avait fait mal à maman. Sandy disait : «Si quelqu'un essaie de toucher à ma mère, je saurai l'en empêcher.» Peut-être aurait-il dû être capable d'empêcher l'homme. Il aurait voulu le demander à papa, mais il ne l'avait jamais fait. Papa lui disait toujours de ne plus penser à cette journée. Mais, parfois, il ne pouvait pas s'en empêcher. Inspirer... expirer... les cheveux de Sharon sur sa joue. Elle ne semblait pas s'étonner qu'il soit tout ramassé contre elle. Pourquoi l'homme les avait-il emmenés ici ? Il savait qui c'était. Il l'avait vu il y a quelques semaines, quand M. Lufts l'avait emmené là où l'homme travaillait. Il faisait beaucoup de cauchemars depuis. Une fois, il avait essayé d'en parler à papa mais Mme Lufts était entrée et Neil s'était trouvé idiot. Il n'avait plus rien dit, depuis. Mme Lufts posait toujours des questions tellement ennuyeuses : «Est-ce que tu t'es brossé les dents ?», «As-tu gardé ton écharpe pendant le déjeuner ?», «Comment te sens-tu ?», «As-tu bien dormi ?», As-tu terminé ton repas ?», «N'as-tu pas les pieds mouillés ?», «As-tu rangé tes affaires ?». Et elle ne le laissait jamais répondre. Elle se contentait de fouiller dans son panier-repas pour vérifier s'il avait mangé ou de lui faire ouvrir la bouche pour regarder sa gorge. C'était différent quand il y avait maman. Mme Lufts ne venait qu'un jour par semaine pour faire le ménage. Ce n'est qu'après que maman fut partie au ciel qu'elle s'était installée là-haut avec M. Lufts et que tout avait changé. A force de penser à tout ça, d'écouter Sharon, il s'aperçut que ses larmes avaient séché d'elles-mêmes. Il avait pleurer mais pas comme le jour où maman était tombée et où il était resté seul. Pas comme...L'homme (à suivre...)