Logique n Une éventuelle libéralisation des prix dans cette conjoncture précise rendrait inaccessibles au commun des citoyens la baguette de pain et le sachet de lait. C'est dans une conjoncture marquée par une flambée inquiétante des produits de première nécessité à la veille de la rentrée sociale que les commerçants reviennent à la charge pour réitérer leur vieille revendication de «libéralisation des prix». Leur organisation, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), estime, en effet, qu'une telle option est «inéluctable» et que notre pays n'a d'autre choix que de la mettre en œuvre dans les prochaines années. A condition, nuance le chargé de la communication de l'organisation professionnelle, de mettre en place «une nouvelle stratégie». La proposition de M. Boulanouar, qui s'exprimait, hier, au cours d'une conférence de presse organisée à l'occasion de la rentrée sociale qui s'annonce des plus tendues, laisse pantois plus d'un observateur tant elle va à contre-courant des efforts consentis en ce moment pour éviter une hausse encore plus intenable des produits de base, étant donné que ce sont les prix de ces derniers que l'Ugcaa veut voir libéralisés puisqu'ils restent les seuls à être préalablement fixés par le ministère du Commerce. Or, les matières premières des produits de première nécessité (poudre de lait et blé notamment), s'échangent depuis quelques mois à des prix jamais égalés sur les places boursières mondiales. Le prix du boisseau de blé est passé du simple au double en l'espace d'une année et la hausse enregistrée par la tonne de poudre de lait n'est pas des moindres. Analystes et profanes s'accordent à dire qu'une éventuelle levée de la subvention accordée aux boulangers et aux transformateurs de lait rendrait, tout simplement, inaccessibles au commun des citoyens la baguette de pain et le sachet de lait. La sortie de l'Ugcaa est d'autant plus intrigante que même les boulangers, qui font face pourtant à d'énormes difficultés, ne sont pas allés jusqu'à réclamer une libéralisation du prix du pain, se contentant de revendiquer une hausse conséquente de la subvention qui leur est allouée. Dans la foulée, l'organisation des commerçants propose une batterie d'autres mesures plus rationnelles et plus susceptibles de juguler la hausse effrénée des prix. A commencer par la réduction des impôts et la lutte contre le secteur informel. Selon M. Boulanouar, l'organisation du marché national, qui se trouve, a-t-il déploré, «depuis des années dans une situation catastrophique en raison du cumul de plusieurs facteurs endogènes et exogènes», passe nécessairement par l'élaboration d'une stratégie à long terme. Une stratégie qui doit se fixer comme priorité la lutte contre la prolifération des marchés informels qui représentent «70% du marché national, avec plus d'un million de commerçants illégaux exerçant au niveau de 500 marchés informels». L'orateur précisera que «plus de 60 % des produits (aliments, vêtements, bijoux, appareils électroménagers, articles scolaires...) sont commercialisés au niveau des marchés informels», et mettra en garde contre les pertes infligées au Trésor public par de telles activités. L'organisation du marché est d'autant plus impérative aux yeux de l'Ugcaa qu'elle permettra de «doubler le nombre actuel des commerçants estimé à 1 250 000 alors que le marché national est en mesure d'en absorber près de 5 millions».