C'est que les questions sociales ont rattrapé les membres de l'Exécutif. Maintenant, la question qui se pose est de savoir qui s'occupe de quoi au sein de l'Exécutif. Alors que le ministre du Commerce a révélé sa totale incompétence à contrôler la flambée des prix et que son collègue de l'agriculture est incapable d'approvisionner le marché en produits de première nécessité (pommes de terre, lait, entre autres), on attend les solutions de la part du ministre de la Solidarité nationale, le docteur Djamel Ould Abbès. Les choses sont telles que c'est l'ensemble de la société qui est devenue dépendant de la solidarité nationale. Les questions sociales ont rattrapé les membres du gouvernement: toutes les projections qui ont été faites sur une éventuelle modification de la Constitution, voire sur les listes de candidature aux élections locales, volent en éclats. Les questions sociales passent au premier plan, tenant le haut du pavé et reléguant aux second plan les questions purement politiciennes. Le gouvernement lui-même, ligoté et désuni, ne sait plus où donner de la tête pour se conférer un semblant d'efficacité. On sait tous que le gouvernement était en congé, mais le manque de communication renforce cette impression de vacances du pouvoir. Après le lait et la pomme de terre, c'est désormais un autre produit de base qui pointe son nez: le blé tendre, dont le prix a augmenté de 50% sur le marché international. Le gouvernement, qui s'est jusqu'ici signalé par un immobilisme inquiétant, va-t-il déclarer qu'il soutiendra le prix de la baguette de pain ou bien continuera-t-il à faire la sourde oreille aux problèmes d'approvisionnement de la population? Après les producteurs de lait, est-ce au tour des boulangers de monter au créneau pour ne pas continuer à travailler à perte? C'est que l'inflation à deux chiffres est en passe de devenir la bête noire des Algériens dont les salaires sont loin de pouvoir répondre à la flambée des prix. Le citoyen moyen qui a déjà effacé de la liste de ses achats des produits comme la viande ou les fruits, sera peut-être obligé d'ajouter à cette liste des produits de base comme la pomme de terre ou le lait. Que lui restera-t-il pour assurer une alimentation plus ou moins équilibrée à ses enfants? Un bout de pain et un oignon? Pourquoi pas? Mais le hic c'est que l'oignon lui-même se laisse, par intermittence, pousser des ailes et le pain, au vu de l'envolée des prix sur les marchés mondiaux, est sur la même lancée. Pendant ce temps, le comité interministériel ad hoc qui a été chargé de se pencher sur ces problèmes d'approvisionnement tarde à rendre publiques ses conclusions, comme s'il était dépassé par les événements. L'information la plus ahurissante de ces derniers temps se rapporte à la semence de pomme de terre: à en croire le président de la Chambre nationale de l'agriculture, il n'existe aucun laboratoire en Algérie pour développer la semence de pomme de terre, ce qui fait qu'en la matière notre pays est livré au bon vouloir des laboratoires étrangers. Comment peut-on oser parler d'indépendance, alors que dans un domaine ultrasensible on a tout fait pour casser les compétences nationales malgré l'obtention des milliers d'ingénieurs agronomes formés par l'université algérienne depuis l'indépendance? Il ne fait aucun doute que si l'on creuse bien, on découvrira les mêmes anomalies pour ce qui est des semences de blé tendre. Après cela, il n'y a rien à ajouter.