Conséquences n Des centaines de milliers de pèlerins ont été contraints de quitter les lieux plus tôt que prévu au cours du pèlerinage chiite de Kerbala célébré depuis des siècles. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a ordonné ce mercredi un couvre-feu illimité dans la ville sainte chiite de Kerbala, au sud de Bagdad, où il s'est rendu, après les heurts meurtriers à Kerbala. Hier, de violents heurts entre des policiers et des hommes armés au cœur de la ville sainte chiite irakienne de Kerbala ont fait 52 morts et créé la panique parmi une foule de pèlerins célébrant un important anniversaire. Des échanges d'armes automatiques et des explosions sporadiques pouvaient encore être entendus dans la soirée dans le quartier des mausolées, déserté par les dévots. Trois hôtels étaient en feu à proximité des mosquées de l'iman Hussein et de son demi-frère Abbas, hauts lieux du culte chiite. Au moins 147 personnes ont été blessées dans ces heurts dans le centre de la ville située à 110 km au sud de Bagdad, selon un dernier bilan fourni par le directeur du département de la santé de Kerbala. Les échanges de tirs ont commencé en début d'après-midi alors que la ville était envahie par des centaines de milliers de fidèles venus célébrer l'anniversaire de la naissance, au IXe siècle, du 12e et dernier imam chiite, Mohamed al-Mahdi, attendu par les chiites depuis sa disparition à l'âge de 5 ans comme le sauveur qui doit apporter la justice dans le monde. Les pèlerins, pris de panique, se sont mis à l'abri pour tenter d'échapper aux tirs et ont fui le quartier des mausolées, qui était désert en début de soirée. La police a annoncé un couvre-feu et des patrouilles ont demandé par haut-parleurs aux pèlerins qui s'approchaient encore des lieux de culte de faire demi-tour. Selon le chef de la police de Kerbala, les policiers ont répondu à des tirs qui les visaient et des obus de mortiers sont tombés près des lieux de culte. Il n'a pas précisé l'affiliation politique des assaillants dans une ville où la milice du chef radical Moqtada Sadr est très puissante. Le directeur des opérations du ministère de l'Intérieur a accusé des «bandes criminelles» d'être à l'origine des heurts. Des mesures de sécurité draconiennes avaient été mises en place à l'occasion des célébrations pour prévenir les attentats dirigés souvent contre les grandes manifestations religieuses chiites et attribués à des extrémistes sunnites. En mars 2004, Kerbala, ville symbole du schisme entre les sunnites et les chiites, avait été visée par un attentat à la voiture piégée qui avait fait plus de 100 tués parmi les fidèles commémorant la fête de l'Achoura. A Bagdad, des sources de sécurité ont fait état d'accrochages dans le quartier chiite de Kadhimiya entre des membres de la milice de Moqtada Sadr, l'armée du Mahdi, et ceux du Conseil suprême islamique irakien, une autre puissante formation chiite qui appuie le gouvernement de Nouri al-Maliki.