Résumé de la 1re partie Incarcéré à Serkadji, avec Réda et Ali, Moncef se fait rouer de coups par les soldats français à chaque fois qu?il fredonne des chants patriotiques. Son visage, tuméfié par les longues séances de torture, s?assombrit encore à la faible lueur de la lampe, et ses compagnons croient sa dernière heure arrivée. Ils restent silencieux puis Ali dit : ? Mais tu es fou, Moncef, tu es trop faible pour te battre, comme nous tous. C?est tout juste si nous pouvons encore tenir debout ! C?est du suicide... remarque au point où on en est ! Il réfléchit un moment regarde Ali ; comme s?il cherchait une muette approbation dans son regard, et ajoute : ? Ah ! frère Moncef, je te comprends... tu cherches à te faire descendre avant le temps prévu... je comprends ! C?est pour cela que tu chantes si fort, tu veux les pousser à bout, et les obliger à t?abattre... Ya Illah ! Moncef je suis plus âgé que toi, j?aurais pu avoir un fils de ton âge... Tu es comme mon fils... Reviens à Dieu ! Nul ne meurt avant son heure ! Il pose sa main glacée par les privations et l?humidité du cachot sur le front brûlant de Moncef, tentant, dans ce geste amical, de lui communiquer son calme et sa détermination à accepter son sort. Réda, qui a presque le même âge que Ali, murmure : ? C?est difficile de se détacher de ce monde, mais il faut s?y préparer par la prière et la méditation... et il ajoute : «Je sais que c?est très difficile surtout pour un jeune, mais c?est le destin Moncef, mon frère pense à tous ceux qui sont morts pour le pays.» Et Moncef ouvre les yeux et dit, dans un sanglot : ? Je ne veux pas mourir, frère Ali, je ne veux pas mourir ! Pas comme ça, ils nous tuent à petit feu.... chaque aube est un supplice ... je ne dors pas, la nuit... ? Nous ne dormons pas non plus, tu sais nous aussi nous cachons notre angoisse... Mais je vais te donner un conseil pour te tranquilliser : fais comme si tu étais déjà mort, détache-toi de la vie, mentalement.... Dans ta tête regarde les choses avec une certaine distance comme si c?était quelqu?un d?autre qui était dans ce cachot... pas toi.... toi, tu es déjà mort, au paradis des martyrs. Moncef réfléchit, visiblement il essaie de suivre le conseil, mais au bout d?un moment il dit : ? Je ne peux pas... Comment veux-tu que je me considère comme mort alors que je suis ici dans ce maudit cachot, bien vivant ? Il se redresse et pousse un cri de douleur en portant la main à son épaule. ? Ils m?ont massacré ces chiens si j?en attrape un, mains nues, d?homme à homme, je le tue ! (à suivre...)