Révélations n Djamel Ould Abbas, ministre de la Solidarité nationale, admet que depuis 2004, de très graves anomalies ont été constatées dans la gestion du CRA et qu'actuellement l'affaire est entre les mains de la justice. Fortement ébranlé et après des années passées en eaux troubles, le Croissant-Rouge algérien (CRA), «une ONG auxiliaire des pouvoirs publics», comme le stipulent ses statuts, retrouve enfin une partie de sa légitimité. Les 184 délégués venus des 48 wilayas étaient présents jeudi et vendredi au Palais des Nations à Club-des-Pins pour une assemblée générale élective placée sous le sceau de la réhabilitation, avec une seule candidature en lice. Celle de Hadj Hamou Ben Zghir, délégué de la wilaya de Sidi Bel Abbes, qui fut plébiscité à la majorité absolue pour conquérir un poste resté vacant depuis fin 2004, date du décès de feu Abdelkader Boukhroufa. Tout s'est passé sans heurts au moment où tout le monde redoutait l'apparition au grand jour de scissions et de dissensions, alimentées par des clivages «bassement régionalistes». Mais une élection, aussi propre soit-elle, peut toujours être une occasion pour laver le linge sale en famille. Jeudi, ce fut le cas. A l'entame des travaux et en prenant d'emblée la parole, Djamel Ould Abbas, ministre de la Solidarité nationale, auquel le CRA «doit des comptes», a voulu dicter sa ligne directrice pour une AG qui a pris du temps pour voir le jour. «Le Croissant-Rouge algérien est un organisme qui œuvre par et pour le bénévolat. Il ne doit en aucun cas être une source d'enrichissement bassement matérialiste», a-t-il prévenu. Plus clairement, Ould Abbas divulguera quelques «graves anomalies», laissant le gros à la justice, du moment que «l'affaire CRA», puisque ç'en est une, est aujourd'hui en instruction. Dans son virulent réquisitoire, il fera étalage d'une gestion antérieure plutôt catastrophique pour laquelle, plusieurs cadres ont été arrêtés. «Dilapidations de deniers publics et abus de biens sociaux» peuvent ainsi être l'intitulé d'une longue série de gabegies dont les conséquences «dépassent l'entendement». Lors d'un point de presse tenu à la hâte, en marge de l'assemblée générale, le ministre citera pêle-mêle, «l'histoire de 41 comptes bancaires différents qui servaient de canaux pour détourner des sommes considérables de dinars et de devises», ou l'histoire d'un ancien trésorier chez qui «on a trouvé des liasses de dinars et de dollars», où alors le triste épisode des cadres responsables du CRA qui touchaient, durant leur exercice, «des indemnités mensuelles de l'ordre de 30 millions de centimes alors qu'en réalité, ils sont censés faire uniquement du bénévolat». Mais ces quelques révélations, admet Ould Abbas, ne reflètent pas la totalité du préjudice, tout aussi financier que moral, causé à une auguste organisation, dont l'essence est de «servir, assister, aider». «Comme l'affaire est actuellement entre les mains de la justice, nous préservons le droit de réserve. Ce que je peux dire en revanche, c'est que ce qui s'est passé depuis 2004 dépasse l'entendement et la raison.» Dont acte.