Abus des biens sociaux, dilapidation de deniers publics et des responsables "bénévoles", qui touchent jusqu'à 300 000 DA par mois d'indemnités, est le triste constat de la mauvaise gestion du Croissant-Rouge algérien avant 2005. Lors des travaux de l'Assemblée générale élective du Croissant-Rouge algérien (CRA), entamés jeudi passé au Palais des nations à Alger avec la participation de 184 délégués des 48 wilayas, le ministre de la Solidarité nationale, M. Djamel Ould Abbès, n'a pas raté l'occasion pour dévoiler les anomalies financières dans la gestion du CRA avant l'enquête déclenchée, en 2005, par la police économique. "J'ai constaté des anomalies. Il y a eu une enquête de la police économique et l'affaire est actuellement en justice", a indiqué M. Ould Abbès, en soulignant qu'il y a eu abus de biens sociaux et des dilapidations de deniers publics. Les résultats de l'enquête de la police économique ont révélé l'existence de pas moins de 41 comptes bancaires différents du CRA et que certains responsables de cette société de secours volontaire touchaient jusqu'à 300 000 DA par mois d'indemnités, alors qu'ils étaient censés faire du bénévolat. A la cérémonie d'ouverture de l'assemblée générale du CRA, le ministre de la Solidarité nationale a déclaré qu'il ne pouvait s'empêcher de manifester sa réprobation aujourd'hui à l'égard des dérives qui ont vidé cette importante organisation de sa démarche philosophique et de sa substance organique pour en faire un moyen au service de privilégiés. "Nous avions opéré un toilettage de l'institution de manière à lui rendre son opérationnalité effective, à en assainir le patrimoine et à l'étoffer en moyens humains nécessaires", a annoncé M. Ould Abbès. La mise en place en janvier 2005, par les pouvoirs publics, d'un comité de direction provisoire du CRA "a été imposée par la gabegie qui s'était installée indécemment et insolemment dans notre organisation", a poursuivi le ministre, en ajoutant que "ces deux dernières années de travail acharné et de persévérance légitimement et légalement développé ont débouché sur de vastes opérations d'assainissement de l'institution grâce à la mobilisation de ses adhérents et à la jalousie dont ils l'entourent". Par ailleurs, le ministre de la Solidarité nationale s'est félicité de la tenue de l'assemblée générale dans de bonnes conditions et estime que le CRA est un partenaire privilégié de son département. M. Ould Abbès a également assuré que les travaux de l'assemblée générale se déroulent selon les lois de la République et devant les représentants des membres d'organisations internationales à l'instar du CICR, HCR, l'UNICEF et de l'OMS, présents à la cérémonie d'ouverture. Après la cérémonie, le ministre a procédé à l'installation du bureau de l'Assemblée générale et de la commission de validation des mandats des délégués. Deux autres commissions chargées des statuts et du plan stratégique d'action étaient installées dans l'après-midi. Un représentant de la commission interministérielle a ensuite, présenté le rapport moral et financier sur la gestion du CRA depuis 2005. A propos de l'élection du nouveau président du CRA, celle-ci a eu lieu vendredi. Un consensus s'est déjà dégagé autour de la personne de Hadj Hamou Ben Zguir pour assurer ce poste. Selon de nombreux délégués, le CRA n'avait plus de président depuis le décès de M. Abdelkader Boukhroufa, fin 2004. L'assemblée générale du CRA, qui se tient normalement tous les quatre ans, devait avoir lieu en septembre 2004, mais n'a pas pu se tenir en raison des difficultés rencontrées par son comité provisoire de direction, mis en place début 2005. Créé en 1956, pendant la guerre de Libération du pays, le Croissant-Rouge algérien est reconnu, dès l'indépendance acquise, par le gouvernement algérien par décret. S'appuyant sur un réseau de 23.000 volontaires et de 130 salariés, le CRA est l'une des 185 sociétés nationales qui composent le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.