Sinistre n Le feu est passé par-là et ses flammes ont commencé par lécher les premières broussailles avant d'être très vite plus voraces et semer la mort. Rues désertes, une forte odeur de brûlé. Béni Zmenzer, en ce jeudi après-midi, offre l'image d'une ville abandonnée. Pas âme qui vive. Tous les commerces ont baissé rideau. Les paysages, jadis verdoyants, qui cernaient le chef-lieu de cette petite commune rattachée administrativement à la daïra de Beni Douala, au sud-est de la wilaya de Tizi Ouzou, ne sont plus que d'immenses étendues calcinées. Tout a pris la couleur noire de la cendre. Par endroits, sur ce sinistre tableau, montent des colonnes de fumée. Tout a été ravagé par le feu de la veille et il ne reste plus que quelques braises qui se consument. Dans la matinée, les habitants se sont occupés de l'enterrement des victimes qui ont péri dans l'incendie qui a touché toute la localité. Puis ils ont rejoint leurs maisons, abattus par la douleur et la colère. Il était un peu plus de 14h lorsque nous avons pris la route vers Beni Zmenzer. Notre but était de rejoindre le village de Bouassem qui a été ravagé par les flammes. Le fourgon quitte la ville de Tizi Ouzou. A peine avons-nous quitté le chef-lieu qu'un premier spectacle s'offre à nous. En contrebas de la route apparaît le village de Bouhinoune cerné par des champs brûlés. A la désolation d'une dame, un jeune répond qu'elle n'a encore rien vu. «Je reviens de Beni Douala où le feu n'est pas encore totalement maîtrisé. C'est une véritable catastrophe.» Le silence s'abat de nouveau sur les voyageurs qui gardent leurs yeux rivés sur le sinistre qui s'offre à eux des deux côtés de la route. Le fourgon poursuit sa montée et à un détour, la forêt d'Amedjoudh dévoile l'horreur des incendies et l'ampleur du sinistre qui a touché la région. Le luxuriant massif forestier n'est plus qu'un vaste champ cramé. C'est la consternation parmi les voyageurs. «Cette année, le litre d'huile d'olive sera vendu à 3 000 DA», lance une jeune pour traduire l'immensité des dégâts occasionnés par le feu à l'oliveraie. A l'entrée de la ville de Béni Zmenzer sur le versant Est apparaît au loin le village Oumadhen au milieu d'une terre brûlée. Le conducteur nous dépose à l'arrêt du village de Bouassem situé à quelques encablures du chef-lieu de commune. Là aussi les lieux sont déserts. Le transporteur nous indique le chemin pour atteindre le village. Un couple venu de Tizi Ouzou pour s'enquérir de la situation de ses proches ne trouve personne pour les orienter.