Changement n Ce ne sont plus les familles nécessiteuses qui, seules, hypothèquent leurs bijoux à l'approche de l'Aïd pour changer la paire de chaussures du petit. Ce n'est pas un hasard si les 7 agences de prêt sur gage de la BDL arrivent à brasser, bon an mal an, quelque 400 000 crédits. C'est que les avantages de la formule sont innombrables. D'abord la procédure est d'une simplicité déconcertante. «C'est le crédit le plus facile et le plus rapide à obtenir. La procédure est simplifiée au maximum», explique Chiker Abdennacer. Il n'y a pas, en effet, plus simple que de solliciter et d'obtenir un prêt sur gage. Le client se présente au siège de l'agence muni seulement des bijoux à hypothéquer, d'une pièce d'identité et d'un justificatif de résidence, et il repart quelques minutes après avec son argent après avoir signé un contrat. Même les termes de ce dernier sont d'une souplesse à attirer les plus sceptiques. Le client peut rembourser à tout moment avant l'expiration du contrat et les intérêts qu'il paye sont calculés au prorata du nombre de jours. Ce qui fait que la clientèle qui a recours à cette formule se fait de plus en plus nombreuse et, surtout, de plus en plus diversifiée. Ce ne sont plus que les familles nécessiteuses qui hypothèquent leurs bijoux à l'approche du ramadan pour mettre quelques morceaux de viande dans la chorba ou des fêtes religieuses pour pouvoir changer la paire de chaussures usagée du petit. Presque toutes les franges de la société n'hésitent pas à recourir au procédé. La preuve, explique un employé de la BDL, il n'y a plus de période de l'année où les agences enregistrent une affluence plus importante que d'habitude. Sauf, précise-t-il, en été où une partie importante des déposants vient récupérer ses bijoux pour des raisons évidentes : c'est la période des mariages et les femmes, dans notre société, ne peuvent pas assister à une fête sans leurs plus beaux bijoux. Sinon, à longueur d'année, l'affluence reste la même. Les nouvelles formules d'accès au logement et au véhicule introduites ces dernières années ont fait de nouveaux clients pour les agences de prêt sur gage. Lorsque le premier programme Aadl a été lancé en 2001, de nombreux cadres moyens (enseignants, médecins, fonctionnaires…) ont dû hypothéquer les bijoux de leur femme pour pouvoir payer l'apport initial exigé. D'autres le font encore pour rembourser les mensualités arrivées à échéance. Idem pour les autres formules tel le LSP ou la promesse de vente et même le crédit-véhicule. D'autres le font pour faire face à une dépense imprévue (maladie, décès…). Les fêtes religieuses, la rentrée scolaire ainsi que l'approche du ramadan restent également des motifs qui en poussent plus d'un à recourir à l'hypothèque. La simplicité et la souplesse de la formule font que des salariés n'hésitent pas à amortir les fins de mois difficiles par le prêt sur gage. C'est toujours mieux que d'emprunter chez le collègue d'autant que, dans ce cas-là, le taux d'intérêt est presque insignifiant. A titre d'illustration, si vous empruntez sur gage de quoi tenir les dix derniers jours du mois, soit 5 000 DA, cela vous coûtera quelque chose comme… 10 DA puisque le taux d'intérêt est calculé au prorata du nombre de jours que dure le prêt. Si, bien entendu, vous remboursez au bout de dix jours seulement. Que gagne la banque dans ce cas ? diriez-vous. «Nous tablons sur les prêts à long terme et surtout sur le nombre d'opérations que nous effectuons», rétorque M. Chiker.