Le gouvernement canadien s'est engagé à devenir, temporairement, le fournisseur officiel de marijuana de centaines de Canadiens souffrant de maladies graves, mais le plan adopté à reculons par Ottawa irrite les médecins comme les groupes de pression. La ministre de la Santé, Anne McLellan, n'a jamais caché ses réticences. Mais les tribunaux n'ont pas laissé le choix au gouvernement. En 1997, une cour de l'Ontario avait donné raison à un malade qui voulait consommer de la marijuana à des fins thérapeutiques. Ottawa a porté l'affaire en appel et s'est vu contraint d'exempter certains malades des lois interdisant la consommation de cette drogue. Ottawa a ensuite confié à un sous-traitant le soin de produire du cannabis au fond d'une mine désaffectée du Manitoba, mais l'herbe produite n'a jamais été distribuée aux malades autorisés à en consommer. Une décision motivée, selon la ministre, autant par la qualité inégale du cannabis produit à la mine de Flin Flon que par les nombreuses interrogations de la communauté scientifique sur les présumés bienfaits thérapeutiques de la drogue. Mais en janvier dernier, un autre tribunal de l'Ontario donnait six mois au gouvernement pour trouver un moyen de fournir du cannabis aux 582 malades autorisés. «Forcer des gens très malades et vulnérables à négocier avec le monde interlope pour se procurer des médicaments auxquels ils ont droit viole leur droit constitutionnel à la sécurité», avait estimé le juge. Mercredi, à la dernière minute de cet ultimatum, la ministre de la Santé a finalement annoncé la mise en place d'un plan «temporaire» de distribution, permettant aux malades de se procurer jusqu'à 30 g par mois de feuilles de cannabis pour 150 dollars canadiens (109 USD) ou un paquet de graines par an pour 20 dollars (14,60 USD).