Interrogation n La situation économique et sociale suffit-elle à expliquer le choix de ces jeunes ? Pour les sociologues, c'est un phénomène à décortiquer et à analyser «et la société ne voit que la partie émergée de l'iceberg». Sans distinction d'âge ni de formation, les spécialistes estiment qu'une partie de l'explication du phénomène a une relation étroite avec le mode de vie existant en Europe et qui attire de plus en plus, les jeunes influencés par les milliers d'images qui nous proviennent via le satellite. organisé récemment à Alger, un colloque international a traité de la question, en présence d'un bon nombre de sociologues. Le mot «suicide» a surgi. Les sociologues, qui ont essayé de faire la lumière sur ce phénomène qui s'étend telle une traînée de poudre, sont en effet unanimes : «Ces jeunes vont droit vers un suicide inéluctable.» Ces spécialistes de la question relèvent encore que ces jeunes «ne sont pas assez armés pour pouvoir partir, croyant retrouver l'eldorado, alors qu'ils se dirigent vers l'incertain et sans aucun but». Dans ce sens, Mme Farida Merabet, sociologue et universitaire, tout en avertissant contre la montée de ce phénomène qui, selon elle, pourrait compliquer davantage les rapports entre les deux rives de la Méditerranée, estime qu'il peut avoir des «conséquences désastreuses et malheureuses». L'universitaire a souligné, à titre préventif, l'importance de «donner plus de possibilités matérielles et morales aux jeunes pour fructifier leurs projets dans leur pays», citant, à titre d'exemple, les domaines de l'artisanat et de l'agriculture. Elle a affirmé que «ce ne sont ni les potentialités ni les idées qui manquent aux jeunes algériens, même chez ceux qui n'ont pas suivi une scolarité ou un cursus universitaire normal». La vision du marasme et du chômage s'interpose donc avec celle d'un mode de vie recherché ailleurs au pays des gratte-ciel et de l'ouverture à outrance et tous azimuts.