Représentation n El Hachiq, Aïoucha oua El Haraz est un hymne à l'amour et à la beauté du patrimoine culturel maghrébin. La troupe du théâtre régional de Tizi Ouzou Kateb-Yacine entamera une tournée nationale dans une vingtaine de villes (est, centre et ouest) avec El Hachiq, Aïoucha oua El Haraz. «La tournée commence à Alger, avec cinq représentations (du 15 au 19 septembre), à la salle El Mougar», a annoncé à InfoSoir Fouzia Aït El-Hadj, metteur en scène de la pièce et directrice du théâtre régional de Tizi Ouzou, que nous avons rencontrée à la salle El Mougar. «Cette tournée sera suivie d'une autre après le ramadan dans d'autres villes du pays, notamment le Sud», a-t-elle ajouté. S'exprimant sur la pièce dont la générale a été, rappelons-le, donnée le 12 juillet au Théâtre national dans le cadre de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe», Fouzia Aït El-Hadj a soutenu que «cette pièce qui est une comédie musicale a eu un écho favorable auprès du public » et c'est ce succès qui a été à l'origine de la décision de la tournée. La pièce, écrite par Mohamed Cherchal et qui raconte une histoire d'amour, est inspirée, nous apprend notre interlocutrice, d'une poésie populaire portant le titre El Haraz du poète marocain Cheikh El Mekki Ibn El Korchi. «Qui ne connaît pas cet hymne à l'amour ? Qui n'a jamais entendu parler de cette poésie chantée, exaltée, narrée, contée, fredonnée mille et une fois ?», s'est-elle interrogée. Et de poursuivre : «Cette qaçida qui a bercé des générations d'amoureux du melhoun, reste, par la féerie de sa poésie, la richesse de ses mots truffés d'images et de métaphores, un monument de la culture et de l'identité maghrébine. Il s'agit là d'une valeur culturelle et identitaire propre à nous et bien de chez-nous.» Fouzia Aït El-Hadj a estimé, en outre, qu'on n'avait pas besoin de se référer à Shakespeare ou à d'autres auteurs universels pour parler d'amour. «Il suffit de se reporter à notre patrimoine, donc à notre culture ancestrale qui est riche en la matière, en histoires et en légendes, pour parler de romance. Même chez nous, il y a des histoires d'amour pareilles à Roméo et Juliette, à l'instar de El Hachiq, Aïoucha oua El Haraz ou de Hizia. » Ainsi, cette pièce se veut une manière de revaloriser le patrimoine culturel maghrébin et de rendre un hommage au poète marocain, auteur de la qaçida. Il convient de souligner que cette qaçida a été chantée par le défunt El-Hadj El-Anka et a été popularisée par le regretté El-Hadj El-Hachemi Guerouabi. El Hachiq, Aïoucha oua El Haraz est une comédie musicale. «C'est un spectacle complet, une palette, une furia de couleurs à travers les costumes et les décors. On y trouve chant, musique et danse.Tout y est.» La musique est signée par Mohamed Boulifa et la chorégraphie est assurée par Nouara Idami. Quant à l'interprétation, elle comprend une trentaine de comédiens. «Sur la trentaine, on n'en compte seulement qu'une dizaine connue, le reste, ce sont de jeunes talents», a-t-elle déclaré. Et de souligner : «Il faut le dire, on a de jeunes talents qui ne demandent qu'à monter sur scène.» Jouera dans la pièce la mémorable chanteuse Meriem Oufaâ. «C'est une grande dame, je l'ai sollicitée et elle a répondu à ma demande. Elle nous honore de sa participation à la pièce», se réjouit Fouzia Aït El-Hadj. l S'exprimant sur le Théâtre régional de Tizi Ouzou qui est fermé pour travaux, mais qui continue d'œuvrer en faveur du 4e art, Fouzia Aït El-Hadj dira : «C'est un théâtre qui se veut grand par sa différence et sa diversité. C'est un théâtre qui a pour ligne de conduite l'ouverture à toutes les créations. Je refuse de faire du théâtre une caisse de résonance», et, faisant allusion à la langue, elle ajoutera : «Ce n'est pas parce que c'est un théâtre qui se trouve en Kabylie qu'on doit l'enfermer dans un registre linguistique unique. Bien au contraire, on est là pour travailler dans la diversité et la différence. Je suis à la tête de ce théâtre pour dynamiser l'action théâtrale et offrir la possibilité aussi bien aux jeunes créateurs qu'aux professionnels l'opportunité de développer des initiatives relatives à l'inscription de l'exercice théâtral dans une dynamique permanente et rentable», précisant, par ailleurs, que le théâtre de Tizi Ouzou assure des formations dans le cadre d'atelier de formation et de création théâtrales. «Le théâtre algérien, contrairement à ce qu'on dit et à ce qu'on a l'habitude d'entendre, se porte bien, il y a eu certes un ralentissement, une régression, mais il a toujours continué de fonctionner et fait preuve de dynamisme et de créativité.»