Le terme commun pour désigner la couleur bleue en arabe est azraq. Ce mot se rencontre dans le coran avec le sens de livide : c'est le teint que prendront au jour du jugement le visage des réprouvés. Comme pour les autres couleurs, le mot est employé pour désigner certains référents. Ainsi, le pluriel, zaraqîm désigne dans la langue classique les serpents. La couleur bleue n'est pas très appréciée, aussi la gamme des mots qui la désigne est plutôt restreinte : samawî, formé à partir de sama' «ciel», pour désigner un bleu ciel, kah'l, employé également pour le noir, achhal, awh'aq, etc. Dans la tradition musulmane, le bleu est une couleur néfaste parce qu'elle inquiète : en effet, qu'il s'agisse du bleu du ciel ou de celui de la mer, on a l'impression de s'y enfoncer et de s'y diluer. Les yeux bleus qui ont, notamment chez la femme, un critère de beauté, ne sont pas toujours bien vus et, généralement, on leur préfère les yeux noirs. C'est que les yeux bleus sont souvent associés aux mécréants. C'est en tout cas ce qui ressort du Qisas al Anbiya' d'Al-Kissa'î où les mécréants ont les yeux bleus. Le Coran utilise le mot dans le sens de «hagard» pour décrire le visage des mécréants au jour du Jugement : «Quand la trompette retentira, les criminels, devenus bleus, seront rassemblés.» (Sourate 20, v. 102). Les anciens arabes évitaient de mentionner cette couleur réputée porter malheur. Mais comme le noir, le bleu est parfois utilisé comme antidote contre la magie et le mauvais œil : l'alun coloré de blanc passait pour écarter les mauvaises influences.