Embarras n Déjà miné par les dissensions, le cabinet d'Al-Maliki vient de recevoir un nouveau coup «fort» cette fois. La plus importante formation chiite d'Irak, celle de Moqtada Sadr, lui a retiré samedi son soutien. Le mouvement a confirmé en soirée à Najaf (sud de Bagdad) qu'il quittait la coalition qui donnait une majorité parlementaire à M. Maliki, l'Alliance irakienne unifiée (UIA). «Le comité politique du mouvement de Sadr annonce son retrait de cette alliance», a déclaré devant la presse le chef de ce comité. Les ministres sadristes, eux, boycottent déjà le gouvernement depuis le mois d'avril. «Nous n'avons pas reçu de réponse positive à nos requêtes de la part de la coalition parlementaire chiite», a déclaré M. Sumaysim à Najaf. Les sadristes exigent notamment un calendrier clair de retrait américain et une amélioration des services publics. Ils ont également exigé, en vain selon eux, une enquête impartiale du gouvernement sur des incidents sanglants dans la ville sainte de Karbala, à la fin du mois d'août. La décision de ce retrait de l'UIA avait été annoncée auparavant par un porte-parole sadriste. L'UIA, qui a assuré jusqu'ici au gouvernement de M. Maliki une majorité parlementaire avec le soutien de députés indépendants chiites et kurdes, était composée de trois formations : le mouvement de Moqtada Sadr, le parti Dawa du Premier ministre et le Conseil suprême islamique irakien (CSII). Une quatrième formation chiite, le parti Fadhila, s'est retirée il y a plusieurs mois déjà de cette coalition. La décision de Moqtada Sadr complique la tâche du Premier ministre, dont le gouvernement «d'union nationale» est déjà boycotté par près de la moitié de ses 40 ministres. Depuis sa formation en mai 2006, le cabinet est miné par les divisions entre sunnites et chiites, mais également par la lutte d'influence que se livrent les principales formations chiites irakiennes qui toutes disposent de puissantes milices armées pour le contrôle de leur communauté, majoritaire dans le pays. Cette situation a empêché de faire adopter par le Parlement nombre de réformes souhaitées par les Etats-Unis, dont une loi stratégique sur la privatisation de l'exploitation du pétrole et sur la répartition des revenus pétroliers entre les 18 provinces irakiennes. Avec le retrait sadriste, M. Maliki voit le nombre de parlementaires qui le soutiennent se réduire à 136 et il perd la majorité absolue (138) des 275 députés. Ses alliés restent cependant plus nombreux que les députés de l'opposition (127), eux-mêmes extrêmement divisés. Manifestation antiguerre devant la Maison-Blanche l «Soutenez nos troupes, arrêtez la guerre», ou «destituez Bush» ont été parmi les slogans scandés hier par plusieurs milliers de personnes qui se sont rassemblées en début d'après-midi devant la Maison-Blanche pour protester contre la guerre en Irak, demander le retrait des troupes et la destitution du président George W. Bush. Entre 4 000 et 6 000 manifestants, munis de pancartes, ont défilé sous un ciel ensoleillé pour rejoindre le Capitole (siège du Congrès), trois jours après l'annonce par le président américain du retrait d'ici à l'été 2008 d'au moins 21 500 soldats stationnés en Irak, sur environ 168 000. «Aujourd'hui, des milliers de gens répondent à Bush dans les rues de Washington et dans d'autres villes, pour demander l'arrêt immédiat de la guerre en Irak», a déclaré le coordinateur national de l'organisation américaine antiguerre Answer Coalition, Brian Becker. Selon les organisateurs de la manifestation, 197 personnes ont été arrêtées, dont des dizaines de vétérans et d'activistes, alors qu'elles franchissaient des cordons policiers. Les forces de l'ordre ont, par ailleurs, utilisé des bombes lacrymogènes afin de disperser la foule, selon la même source. Des télévisions américaines ont diffusé des images d'échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre. Dans la foule, qui avait envahi les pelouses dans une ambiance bon enfant, se mêlaient familles, étudiants, anciens combattants et parents de soldats tués dans un conflit qui a fait plus de 3 760 victimes côté américain en quatre ans et demi.