Dilemme n Trouver le bon équilibre entre travail et vie de famille s'avère un véritable parcours du combattant pour les mères travailleuses devant l'insuffisance des structures d'accueil en quantité et en qualité. Karima, 29 ans, comptable dans une boîte audiovisuelle, s'active à faire entrer son enfant de trois ans avant le début du ramadan. «Cela fait presque un an que je suis à la recherche d'une crèche de qualité. Ces trois années étaient une vraie galère. Un jour chez la nourrice, un autre chez sa grand-mère et parfois c'est l'alternance entre moi et son père. Aujourd'hui, il n'est plus possible de continuer à ce rythme.» Ecumant les crèches de son quartier et celles qui sont aux alentours de son lieu de travail, Karima n'a toujours pas trouvé celle qui lui convient en termes de prix et de prestation. Lassée de cette course contre la montre, elle décide enfin de mettre un terme à ses recherches et opte pour une crèche privée à Bab-Ezzouar à 4 000 da le mois. «Je n'ai plus la force de parcourir quotidiennement des kilomètres pour récupérer mon fils chez ma mère sur les hauteurs de Bouzaréah. En hiver, notamment, c'est un véritable calvaire.» A la question de savoir comment elle trouve le nouveau refuge de son fils, elle répond : «Il est encore très tôt pour donner un avis. Mais, à première vue, il y a une assez bonne prise en charge même si de temps à autre, j'ai l'impression que mon fils s'ennuie notamment les après-midi. Après la sieste, les enfants n'ont droit à aucune autre activité pour les occuper et les distraire. Ils sont là, à attendre l'arrivée de leurs parents pour les récupérer. Ce temps représente une éternité pour les enfants pressés de retrouver leurs parents.» Même combat pour Hakima. Cette jeune maman est secrétaire dans une entreprise privée et mère d'une petite fille de deux ans et demi. Motivée au départ par le prix accessible qu'affichent les crèches publiques, elle découvre, à peine une semaine après l'intégration de sa fille dans cette structure, la situation catastrophique de celle-ci. «Cette crèche ne dispose d'aucun support pédagogique à même de favoriser le développement intellectuel de l'enfant et, par voie de conséquence, lui assurer une bonne insertion scolaire.» Hakima n'est pas au bout de ses surprises puisque, côté nourriture, «j'étais loin d'imaginer qu'une crèche pouvait avoir un menu presque similaire à celui des prisons. Aucune attention particulière à l'aspect équilibré des valeurs nutritionnelles censées être garanties dans les repas préparés à la petite enfance. Il s'agit, généralement, de soupe de lentilles, de haricots secs, de pâtes au lait…, et ce, durant toute la journée puisqu'il n'y a pas de goûter à 16h.» Autre fait soulevé par cette mère, c'est l'indifférence remarquée chez les éducatrices qui «ne prennent pas la peine de changer des enfants n'étant pas encore propres. Je prends toujours soin de mettre dans les affaires de ma fille des couches en plus, mais, rarement elle a été changée, ni même accompagnée aux toilettes.»