Tension n L'élection pourrait soit contribuer à résoudre la crise politique soit au contraire enfoncer le pays dans le chaos. Les appels se sont multipliés pour que le Parlement libanais tienne mardi, prochain, sa séance consacrée à l'élection présidentielle mais l'incertitude demeure, sur un vote dans un climat alourdi par l'assassinat d'un député. Cet assassinat imputé à Damas par la majorité parlementaire libanaise et les Etats-Unis a sonné comme un rappel des enjeux et des implications internationales de l'élection. Des membres de la majorité parlementaire anti-syrienne au Liban ont réclamé ce dimanche matin, des mesures de sécurité exceptionnelles pour les députés. Le président du Parlement Nabih Berri, un dirigeant de l'opposition soutenue par la Syrie et l'Iran, a prévenu qu'il ne passerait pas au vote et reporterait la séance si les deux tiers des élus n'étaient pas présents. Le Parlement, qui comptait 128 députés avant l'assassinat de mercredi, élit le président à la majorité des deux tiers au premier tour, à la majorité simple ensuite. Evoquant la tradition, l'opposition interprète cette règle constitutionnelle comme un quorum des deux tiers, qui lui permettrait de bloquer l'élection d'un candidat, car le camp anti-syrien ne dispose que d'une majorité simple. Face à ce risque, la majorité a menacé d'élire le président sans quorum. En cas de vacance, les pouvoirs présidentiels sont automatiquement transférés au gouvernement. Mais le président Lahoud, qui considère le gouvernement de Fouad Siniora comme illégitime, a évoqué la formation d'un gouvernement provisoire rival dirigé par le chef de l'armée, en cas d'échec de la présidentielle. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est déclaré le 19 septembre dernier «extrêmement préoccupé» par la situation au Liban, qui pourrait aboutir à la réédition du scénario de la fin de la guerre civile (1975-1990), où deux gouvernements se disputeraient le pouvoir. «Ce qui me préoccupe, c'est que face à cette incapacité à élire un président, il pourrait y avoir un scénario politique dans lequel nous aurions deux gouvernements, deux présidents, ce qui serait une situation extrêmement préoccupante pour la paix et la sécurité, non seulement du Liban, mais aussi dans l'ensemble de la région», a-t-il dit. «L'enjeu de cette élection est en fait une lutte pour l'identité du Liban, ses allégeances envers l'étranger et c'est pourquoi il s'agit peut-être du conflit le plus polarisé qu'ait jamais connu le Liban», a affirmé une analyste politique. «La bataille pour la présidence est en fait une bataille entre deux Liban ou deux projets pour le Liban», a-t-elle précisé. «La majorité semble désireuse de monopoliser le pouvoir, et les Etats-Unis et l'administration de George Bush sont profondément impliqués à un niveau sans précédent dans la politique libanaise», a-t-elle aussi souligné. Selon cette analyste, l'administration Bush, frustrée dans son projet d'implantation de la démocratie au Moyen-Orient par le chaos en Irak et la victoire du Hamas islamiste aux élections palestiniennes, joue ses dernières cartes au Liban.