Résumé de la 2e partie n Barbara serait-elle une véritable fée ? Elsie se pose la question, d'autant qu'elle est intriguée par le comportement de sa gouvernante et ses activités nocturnes. – Quoi donc ? Vous ne voulez pas le dire ? — Je regarde ce que je peux voir, moi seule. — Vous voyez quoi ? — Permettez-moi de ne pas vous le dire ; vous voudriez le voir aussi, et vous ne pourriez pas ou vous le verriez mal, ce qui serait un chagrin pour vous. — C'est donc bien beau, ce que vous voyez ? — Plus beau que tout ce que vous avez vu et vous verrez jamais de plus beau même dans vos rêves. — Ma chère miss Barbara, faites-le-moi voir, je vous en supplie ! — Non, mon enfant, jamais ! Cela ne dépend pas de moi. — Eh bien, je le verrai ! s'écria Elsie dépitée. J'irai la nuit chez vous, et vous ne me mettrez pas dehors. — Je ne crains pas votre visite, vous n'oseriez jamais venir ! — Il faut donc du courage pour assister à vos sabbats ? — Il faut de la patience et vous en manquez absolument. Elsie prit de l'humeur et parla d'autre chose. Puis elle revint à la charge et tourmenta si bien la fée, que celle-ci promit de la conduire le soir à son pavillon, mais en l'avertissant qu'elle ne verrait rien ou ne comprendrait rien à ce qu'elle verrait. Voir ! voir quelque chose de nouveau, d'inconnu, quelle soif, quelle émotion pour une petite fille curieuse ! Elsie n'eut pas d'appétit à dîner, elle bondissait involontairement sur sa chaise, elle comptait les heures, les minutes. Enfin, après les occupations de la soirée, elle obtint de sa mère la permission de se rendre au pavillon avec sa gouvernante. A peine étaient-elles dans le jardin qu'elles firent une rencontre dont miss Barbara parut fort émue. C'était pourtant un homme d'apparence très inoffensive que M. Bat, le précepteur des frères d'Elsie. Il n'était pas beau ; maigre, très brun, les oreilles et le nez pointus, et toujours vêtu de noir de la tête aux pieds, avec des habits à longues basques, très pointues aussi. Il était timide, craintif même ; hors de ses leçons, il disparaissait comme s'il eut éprouvé le besoin de se cacher. Il ne parlait jamais à table, et le soir, en attendant l'heure de présider au coucher de ses élèves, il se promenait en rond sur la terrasse du jardin, ce qui ne faisait de mal à personne, mais paraissait être l'indice d'une tête sans réflexion livrée à une oisiveté stupide. Miss Barbara n'en jugeait pas ainsi. Elle avait M. Bat en horreur, d'abord à cause de son nom qui signifie chauve-souris en anglais. Elle prétendait que, quand on a le malheur de porter un pareil nom, il faut s'expatrier afin de pouvoir s'en attribuer un autre en pays étranger. Et puis elle avait toute sorte de préventions contre lui, elle lui en voulait d'être de bon appétit, elle le croyait vorace et cruel. (à suivre...)