Bonheur Bahia est enfin enceinte. Elle garde la nouvelle pour elle. Sa belle-s?ur part avec Ouardia à Oran. Celle-ci revient seule. Glacée d?appréhension, Bahia écoute, n?osant réfuter sa question, Ali ôte son «kébouss» rouge qu?il dépose sur le bord de la fontaine, et s?asperge le visage, Bahia croit entendre un sanglot. - Fatima est à l?hôpital? Elle a perdu son bébé, la pauvre fille ! Je lui avais dit de ne pas prendre le train, mais elle n?a pas voulu m?écouter? - Comment va-t-elle ? - Elle est sauvée, mais les médecins qui ont dû lui faire une opération en urgence, disent qu?elle ne pourra plus avoir d?enfants ! Quel malheur ! Quel malheur ! mes deux fils ! Bahia ne dit rien, et vaque à ses occupations comme à l?accoutumée. Quand, au bout de quinze jours, Fatma, encore visiblement fatiguée par son opération retourne chez elle, Bahia, devant la douleur de sa belle-s?ur, n?ose plus annoncer la bonne nouvelle comme elle se l?était promis autour de la «sinia» de café, en présence de sa belle-mère. Elle laisse le hasard faire les choses? Au bout d?un certain temps, cette dernière, qui la suit des yeux pendant qu?elle étend du linge sur la terrasse, lui dit? - Dis, donc, Bahia, ton ventre est bien rond? ma fille, serais-tu enceinte ? Bahia rougit. - Oui, yemma, dit-elle depuis quatre mois? - Mais pourquoi n?as-tu rien dit ?? Quelle bonne nouvelle ! Et elle lance un youyou qui emplit la maison. Fatma, étonnée, encore pâle, vient aux nouvelles. -Fatma ! Fatma ! Bahia est enceinte ! Dieu a ouvert sa ceinture ! Enfin ! Je savais bien que cela arriverait. Bahia n?ose pas regarder Fatma. Elle sourit vaguement et continue d?étendre son linge.