Une trentaine d'anciennes détenues, dont des jeunes filles mais aussi des femmes âgées, venues pour la plupart de Maghnia (Tlemcen), ont foulé pour la première fois, hier, le parvis de la somptueuse Résidence des magistrats d'El-Biar (Alger). La Résidence s'est ouverte à elles sans aucun protocole. Difficile de contenir ses émotions devant un tel luxe après n'avoir connu que la promiscuité des cellules et l'humidité des gourbis. Les unes refusent d'en discuter, par timidité ; les autres vous font rappeler qu'elles ont fait de la prison. Pas question d'évoquer leur passé, ni surtout le motif de leur incarcération. Ces dames et demoiselles ne sont pas ici pour un quelconque séminaire international sur la réforme de la justice. La jeune Foufa et les autres viennent simplement de bénéficier, chacune, d'un matériel de travail offert par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et remis, hier, par l'administration pénitentiaire. Il s'agit d'un lot de machines à coudre et de trousseaux de coiffeuses et un matériel de broderie. Une cérémonie a été organisée à cet effet avec la présence du directeur général de l'administration pénitentiaire, Makhlouf Fellioun, et le représentant résident du Pnud à Alger, M. Dubernis. Le ministère de la Justice évoque, dans un communiqué rendu public, la «réactivation de la politique de réinsertion sociale des ex-détenus». «Cette initiative, la première du genre, a pour objectif de faciliter la réinsertion sociale des anciennes détenues à travers leur soutien en matériel nécessaire. Ceci est un prolongement de la formation dont elles ont bénéficié (dans les centres pénitentiaires) avant leur libération», ajoute-t-on. M. Fellioun a déclaré que cette initiative s'inscrivait dans le cadre de la réforme du secteur de la justice. Selon le représentant permanent du Pnud à Alger, le choix des femmes pour cette aide vient du fait que ce sont les anciennes détenues qui connaissent le plus un problème d'insertion sociale. «Le moyen le plus efficace et le plus sûr d'aider les ex-détenus à leur insertion sociale, c'est de leur assurer une formation professionnelle qualifiante», indique-t-il. Les invités de la Résidence des magistrats ont déjà des intentions. Foufa en tout cas espère ouvrir dans son quartier une salle de coiffure pour femmes. Tout un projet.