Constat n Une dizaine de tonnes de cannabis saisis, plus de 80 000 plants cultivés, des frontières perméables. Les terroristes de la drogue nous déclarent la guerre. «Au regard d'un certain nombre de facteurs exogènes et endogènes, le fléau du trafic de drogue pourrait occasionner des dégâts à court et à long terme beaucoup plus dramatiques que le terrorisme», met en garde Aïssa Kacemi, directeur de la coopération internationale à l'Office national de la lutte contre la drogue, pour qui «la guerre doit être implacable». Au premier semestre 2007, les saisies de cannabis, opérées par les différents corps de sécurité, sont extrêmement préoccupantes. Elles sont de l'ordre de 10 t. «C'est dire que si au second semestre, on enregistre les mêmes quantités de saisie, nous allons tout droit vers une prise de 20 t, ce qui est extrêmement exceptionnel». Considérée tout le temps comme un pays de transit, l'Algérie est en passe de devenir graduellement un pays de consommation, pis encore de culture. «Il y a quand même plus de 80 000 plants de cannabis qui ont été saisis, durant les six mois de l'année 2007, un peu partout dans plusieurs wilayas, à Adrar, à Béjaïa, à Tébessa et dans certaines régions», a-t-il relevé, ce matin lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III, sans aller toutefois jusqu'à parler de «cultures industrielles». L'exemple de la récente saisie de 19 kg de cocaïne, jetée en haute mer par les trafiquants est suffisant, selon M. Kacemi pour illustrer à bien des égards la gravité de la situation. «C'est le feu qui s'allume parce qu'en face, les réseaux vont tout faire pour pouvoir répandre et propager la culture et, par delà, le trafic qui, dans le monde, brasse plus de 800 milliards de dollars par an», prévient-il encore. Le crime de la drogue «est étroitement lié à au moins quatre ou cinq formes de criminalité», admet-il. «La corruption, le blanchiment d'argent, l'émigration clandestine, le terrorisme, la traite des blanches, c'est pour ces raisons que la lutte doit être globale dans la lutte mais d'abord dans la prévention». L'éradication des différents maux sociaux devient alors le premier pas à faire. «Il faut lutter efficacement contre ces maux qui gangrènent la société et qui font que les jeunes se jettent parfois par dépit, par désespoir ou par amertume en pensant qu'une fois accroché à la drogue, on peut facilement revenir en arrière». «La jeunesse est la cible de réseaux qui sont connectés d'une façon organique aux réseaux de criminalité internationale transfrontalière. Ces criminels font de leur mieux pour accaparer des marchés de consommation supplémentaires et l'Algérie est un espace de consommation potentiel qu'ils ne voudraient pas perdre.»