Intérêts n L'Allemagne et l'Italie, qui ont d'importants échanges commerciaux avec Téhéran, sont réticentes quant à de nouvelles sanctions contre l'Iran. Washington face aux réticences de la Russie et de la Chine à renforcer les sanctions de l'ONU, accentuent la pression sur les Européens pour qu'ils fassent de même. «L'objectif principal de cette annonce était d'envoyer un signal aussi bien aux Européens qu'aux Russes et aux Chinois, ainsi qu'aux Iraniens», estime Karim Sadjapour, un expert de l'Iran au Carnegie endowment for international peace. Selon cet expert, le message adressé aux Européens est que s'ils n'apportent pas leur soutien à l'administration américaine, ils aggravent le risque d'une opération militaire américaine contre l'Iran. «Et la Chine et la Russie s'inquiètent davantage d'un bombardement de l'Iran par les Etats-Unis que d'une bombe nucléaire iranienne», a-t-il ajouté. L'Union européenne (UE) discute actuellement d'une série de sanctions européennes autonomes contre l'Iran, à la demande de la France et avec le soutien de la Grande-Bretagne. Ces sanctions hors ONU permettraient de contourner les réticences de la Russie et de la Chine, qui sont d'importants partenaires commerciaux de l'Iran, quatrième producteur mondial de pétrole, à approuver une troisième résolution contraignante de l'ONU qui renforcerait le régime de sanctions existant. Interrogé à ce sujet, le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, a reconnu que les Etats-Unis «discutaient» avec les Européens de sanctions autonomes européennes. «Je ne dirais pas que nous faisons pression sur eux», a-t-il assuré. «Nous leur parlons du fait que si nous travaillions ensemble ou de façon complémentaire, nous pourrions accroître la pression sur le gouvernement iranien pour qu'il revienne à la table des négociations.» «Il est certain que cela pourrait avoir un effet très important», a-t-il ajouté, mentionnant notamment une possible réduction des crédits à l'exportation de l'UE. Avant l'annonce de ces sanctions américaines qui visent une unité d'élite de l'armée iranienne, la force Al-Quds, et le corps des Gardiens de la révolution ainsi que trois importantes banques d'Etat iraniennes, un autre expert avait souligné la nécessité «d'encourager» l'UE à prendre des sanctions «unilatérales». «Les Etats-Unis n'ont pas d'échanges ni d'investissements significatifs en Iran depuis 30 ans. Ce n'est qu'en persuadant d'autres puissances de ne pas le faire qu'il existe une chance de convaincre l'Iran que le coût économique et diplomatique du développement d'armes nucléaires est supérieur au bénéfice perçu», a expliqué, mardi, Philip Gordon, de la Brookings Institution.