Tout en minimisant l'impact, l'Iran menace de répondre de façon “appropriée” à l'adoption d'une résolution qui renforcerait les sanctions existantes. Le bras de fer que se livrent Téhéran et les capitales occidentales au sujet de son programme nucléaire s'est durci davantage après que l'AIEA ait rendu public son rapport sur la question. Aux menaces d'adoption d'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, que préconisent Washington et ses alliés, l'Iran avertit qu'il répondra de manière “appropriée”. Dans un point de presse, le porte-parole de la diplomatie Mohammad Ali Hosseini a déclaré, hier, sans fournir de détails : “Nous prendrons une mesure appropriée dans le cas de l'adoption d'une nouvelle résolution.” Il a expliqué que l'Iran “annoncera sa décision au moment opportun, en fonction du contenu de la nouvelle résolution”. Hosseini a minimisé l'impact éventuel de nouvelles mesures en évoquant de “légers problèmes”, tout en assurant que l'Iran disposait de “différentes options pour les régler”. La même source estime qu'il n'est “pas possible de sanctionner un pays comme l'Iran disposant de tant de ressources naturelles et de quinze voisins”. Ces propos corroborent les précédentes mises en garde que le président Mahmoud Ahmadinejad avait déjà adressé aux grandes puissances la veille. Le chef de l'Etat iranien avait menacé de “mesures fermes de représailles (...) tout pays qui prendra les devants, qu'il soit européen ou non européen”. Il avait aussi affirmé que la position de l'Iran ne changerait jamais, même si le Conseil adoptait des résolutions “pendant cent ans”. “Qu'ils adoptent pendant cent ans des résolutions. Cela ne changera rien. Notre ligne rouge, ce ne sont pas les résolutions. C'est notre droit”, a-t-il notamment déclaré. Cette réaction iranienne intervient à la veille de la réunion d'aujourd'hui que tiendront les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l'Allemagne (5+1) pour discuter d'un texte renforçant les sanctions contre la République islamique, à cause de son refus, notamment de suspendre son enrichissement d'uranium. Un projet de résolution a été déposé jeudi dernier par la France et la Grande-Bretagne. Parmi les nouvelles mesures figure une interdiction de voyager pour les responsables impliqués dans le programme nucléaire. Ce texte, qui exhorte également tous les Etats “à inspecter les navires et avions cargos à destination et en provenance d'Iran (...) qui pourraient transporter des marchandises interdites par cette résolution”, invite également à surveiller les échanges des institutions financières avec toute banque domiciliée en Iran. Néanmoins, des diplomates ont fait état de réticences de quatre membres non permanents, à savoir l'Afrique du Sud, l'Indonésie, la Libye et le Vietnam, à imposer de nouvelles sanctions à l'Iran après déjà deux résolutions punitives (1737, 1747). Pour rappel, le rapport de l'AIEA indique que l'Iran avait récemment fourni de nouvelles informations sur son programme, mais de “façon lacunaire et non pas de manière complète et cohérente”. Il y a lieu de signaler qu'Israël continue à s'agiter en affirmant que le programme nucléaire iranien met le monde en péril et appelle à un durcissement des sanctions contre Téhéran à l'approche d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU. “L'Iran constitue une menace pour le monde entier. Ce pays veut obtenir l'arme nucléaire, et il faut agir pour l'empêcher d'y parvenir, notamment en intervenant contre les entreprises coopérant avec lui”, a déclaré hier le numéro deux du cabinet israélien, Haïm Ramon, à la radio militaire. K.ABDELKAMEL