Classée parmi les villes les plus polluées du monde, Le Caire, où vivent seize millions d'habitants, a retrouvé cet automne son nuage grisâtre, nocif et nauséabond. Aux gaz d'échappement d'une horde de véhicules déglingués, s'ajoutent les émanations hypertoxiques provenant du brûlage de millions de tonnes de pailles de riz après les récoltes dans le delta du Nil. «Nous avons ici des pics de 540 microgrammes/m3 de particules fines polluantes, c'est trois fois plus que le plafond autorisé officiellement et dix fois plus que celui de l'OMS !», affirme un expert. Le «nuage noir» qui s'installe comme une chape plaquée au-dessus du Nil, a de graves effets sur la santé, en raison de la stabilité atmosphérique et notamment de l'absence de vent. C'est en 1999 qu'est apparu le «nuage noir» provoquant la stupeur des Cairotes qui vivaient déjà dans une capitale tristement classée parmi les plus polluées au monde, aux côtés de Pékin et Mexico. Depuis, il prend en septembre ses quartiers d'automne jusqu'au début de l'hiver, renforçant une pollution de l'air qui provoquerait jusqu'à cinq mille décès par an dans la mégapole égyptienne, selon des statistiques hospitalières. Les grands fautifs ont été désignés par les autorités : les paysans du delta qui mettent le feu, sans se soucier de l'écologie, aux pailles de riz pour laisser le champ libre aux nouvelles récoltes.