Selon le ministre de l'Intérieur, le seul effet induit par le ralliement du Gspc à Al-Qaîda est d'ordre purement psychologique. Il n'y a donc pas lieu de céder à l'alarmisme d'autant que «ce sont les mêmes hommes qui étaient au GIA, par la suite au Gspc, qui s'appellent aujourd'hui Al-Qaîda». S'exprimant ce matin sur les ondes de la Chaîne III, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales n'a pas manqué d'évoquer la nouvelle donne sécuritaire induite par le ralliement du Gspc à la nébuleuse Al-Qaîda et les récents attentats spectaculaires qui ont visé le cortège du président de la République à Batna et un cantonnement de l'ANP à Dellys. «Peur ? Non !», rétorque Noureddine Zerhouni à une question de savoir s'il y a lieu d'avoir peur après l'irruption de l'organisation tentaculaire en Algérie. «Personnellement, affirme le premier responsable de la sécurité du pays, je ne considère pas que c'est un élément d'aggravation de la situation.» Explication : «Pourquoi je dis ça ? Parce que, d'abord, Al-Qaîda ne va rien changer en ce qui concerne les hommes qui sont impliqués dans les actes terroristes. Ce sont les mêmes qui étaient, hier, membres du GIA, qui sont devenus par la suite Gspc et aujourd'hui ils s'appellent Al-Qaîda.» «Ce sont donc, déduit le ministre de l'Intérieur, les mêmes moyens dont ils disposent.» Zerhouni avance un autre motif de ne pas céder à l'alarmisme : les effectifs des groupes terroristes ont sensiblement diminué, ce qui laisse supposer que leurs «moyens matériels» sont également réduits. Toujours concernant le ralliement de la dernière organisation terroriste à Al-Qaîda, le ministre estime que l'effet recherché par les initiateurs de cette option est purement psychologique. «J'ai l'impression, dit-il, que ces gens, en se disant faire partie d'El-Qaîda, ont voulu apporter un effet psychologique. Parce qu'il est clair que les effets psychologiques et l'action médiatique constituent un élément important dans les effets du terrorisme. C'est le seul effet nouveau que je vois.» Abordant le sujet de la reddition du fondateur du Gspc, le ministre de l'Intérieur n'a pas exclu que Hassan Hattab puisse bénéficier des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, même s'il s'est bien gardé de l'exprimer de manière explicite. «C'est vrai, affirme Zerhouni, que Hassan Hattab est un repenti. Mais il est impliqué dans plusieurs affaires par le passé et il devra d'abord se mettre au clair avec la justice. Il y a beaucoup de procédures. Bien sûr, le rôle de la justice quand on juge quelqu'un on prend en considération tous les éléments. Les éléments négatifs d'abord, ensuite, si, par hasard, il y a des éléments en sa faveur, il faudra bien qu'on en tienne compte». Le ministre se montrera en revanche peu disert sur la question de la «main étrangère» évoquée par le président de la République après l'attentat qui l'avait visé en septembre dernier. «Nous avons parlé d'intérêts étrangers. Il est incontestable que tout le monde ne bénéficierait pas d'une meilleure évolution de la situation en Algérie», s'est-il contenté de dire. Spectre de fraude aux locales : «Ce serait l'œuvre des partis» l Le ministre de l'Intérieur s'est voulu rassurant en évoquant le dispositif de contrôle et de surveillance mis en place pour garantir la régularité et la transparence des prochaines élections. Pour Zerhouni, les mesures prises «depuis, d'abord, la circulaire du président de la République qui a été diffusée en 2002 puis de l'amendement de la loi électorale adopté en 2003» constituent «l'un des dispositifs de garantie les plus efficaces» qui soient. Ce qui lui fait dire que le scrutin du 29 novembre ne sera pas entaché d'irrégularités. «Je suis convaincu qu'il ne devrait pas y avoir de fraude», assène-t-il avant d'affirmer que, dans le cas contraire, la seule partie qu'il faudrait incriminer, ce sont les partis politiques et les représentants des candidats indépendants. Cette conviction, Zerhouni l'explique par le fait qu'en vertu des dispositions de la loi, «les bureaux de vote sont sous le contrôle des observateurs qui représentent les partis politiques ou les candidats indépendants». «Il y a 5 représentants de partis au bureau de vote et si ces cinq-là s'entendent pour frauder, c'est une autre affaire et ce n'est pas de la responsabilité de l'administration.» Au sujet des accusations de parti pris proférées par certains partis à l'encontre de l'administration dans l'étude des dossiers de candidatures, le ministre a rétorqué que «les gens qui ont fait des déclarations de la sorte sont des gens qui ne se sont pas encore départis de l'idée de la culture des quotas. Il faut que les gens sachent une fois pour toutes que la culture de la transparence et le souci de consolider l'Etat de droit est inculqué à travers toute l'administration du ministère de l'intérieur».