Précision n «Les enlèvements ne sont pas aussi nombreux qu'il n'y paraît. Il s'agit surtout de cas de détournements de mineurs suivis d'agressions sexuelles.» C'est ce qu'explique Mme Messaoudène, commissaire principale, chef de bureau de la protection de l'enfance et de la délinquance juvénile. Selon elle, depuis le début de l'année, il y a eu 61 cas de disparition d'enfants. «Généralement, ce sont des enfants qui, pour différentes raisons, notamment les échecs scolaires, font une fugue.» Il reste que les cas de détournements de mineurs sont conséquents. Quant aux enlèvements avec demande de rançon, Mme Messaoudène nous informe que, dans la plupart des cas, ils sont opérés par des proches de la victime. «En général, ce sont des parents ou des voisins. Il s'agit presque toujours de relations familiales qui connaissent bien le niveau de vie et les aptitudes financières du père. Des fois, il est question de différends familiaux ou de règlements de compte.» Des histoires plus dramatiques les unes que les autres nous ont été racontées par la commissaire principale. La cupidité et le désir de posséder peuvent conduire certains à franchir toutes les limites. C'est le cas de cet Algérien résidant à l'étranger qui, à la suite d'un désaccord avec son frère au sujet d'un héritage, commet le plus ignoble des actes criminels. Pour se venger, il ne trouve pas mieux que d'enlever son propre neveu âgé de douze ans. Une fois retourné dans son pays d'adoption (à l'étranger), il appelle le père de la victime pour l'informer qu'il a assassiné son fils et qu'il a jeté le corps du gamin à tel endroit. Ce qui a été confirmé. L'histoire a eu lieu en mars dernier et l'affaire est toujours en cours. Un mandat d'amener international a été lancé contre le criminel. A Ouargla, un mineur enlève, viole et tue son demi-frère avant de jeter le corps dans un cours d'eau. Les raisons de cet acte atroce seraient la maltraitance par la marâtre. Un autre fait, un oncle enlève son neveu de 6 ans pour demander une rançon au père. Ce dernier a alerté les services de police qui ont tendu une souricière au ravisseur le prenant ainsi la main dans le sac. Heureux dénouement pour cette affaire. «La dislocation de la famille, le relâchement des mœurs, le laxisme et la passivité des gens sont les principales causes des détournements d'enfants. Il faut que le citoyen s'implique dans la lutte contre ce fléau. Tout le monde doit savoir que toute présence d'un adulte en compagnie d'un enfant dans un endroit douteux doit être signalé aux services de sécurité. Le témoin d'une scène d'enlèvement doit faire part de ce qu'il a vu et ne pas adopter l'attitude de «Tekhti rassi» (pourvu que ça m'épargne). Parce qu'un jour, forcément, ce sera lui ou un membre de sa famille qui sera touché.» Heureusement, il y a eu des cas où l'intervention des citoyens a sauvé des vies. «Deux frères, bergers à Aïn Témouchent, ont entendu une fille crier. Arrivés sur les lieux, les deux hommes découvrent un individu ivre tentant d'abuser d'elle. Ces deux bergers, après l'avoir roué de coups et ne faisant pas cas de ses tentatives d'acheter leur silence avec une forte somme d'argent qu'il avait sur lui, l'ont conduit aux services de sécurité.»