Production n La maison Jaune, un film de Amor Hakkar, a été projeté, hier dimanche, à la salle Ibn Zeydoun (Riad-el-Feth), dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe». Le film raconte l'histoire d'un paysan montagnard, Mouloud qui, de sa maison perdue dans les Aurès et jusqu'à Batna, s'en va récupérer le corps de son fils, un soldat tué dans une embuscade dans l'exercice de ses fonctions. Seul, sur son tricycle à moteur, il roule sur une route déserte ; à l'aller comme au retour, Mouloud se réfugie dans sa tristesse ; et dans ce parcours solitaire, les rencontres sont rares, mais étrangement humaines. Lorsqu'il rentre à la maison, une autre tâche l'attend : il s'évertue à redonner vie à Fatima, sa femme qui est plongée dans une immense tristesse. Il repeint sa maison en jaune. En vain. Ses derniers espoirs s'évanouissent quand, soudain, une cassette vidéo récupérée à la morgue de l'hôpital, dans les affaires personnelles de son fils et oubliée depuis, le rappelle à son bon souvenir. Mouloud visionne cette cassette dans un restaurant et il est convaincu que les images de son fils vont redonner vie à son épouse. Mais comment faire ? Puisque la famille ne possède ni télé ni magnétoscope, ils n'ont ni eau ni électricité. Le paysan obstiné va se battre contre les méandres administratifs pour obtenir l'électricité et enfin visionner cette cassette vidéo, dernier souvenir d'un fils disparu. Le film réalisé en chaoui – une manière de promouvoir la culture des Aurès, notamment la langue amazighe – est à forte charge émotionnelle. Il y est raconté l'attachement de l'homme à la terre qui est le réservoir de l'authenticité, le creuset de l'identité, il y est montré également la compassion, la générosité des hommes qui peuplent cette région montagnarde qu'est les Aurès, région certes aride et hostile, mais pleine d'humanité, de beauté et de bonté. Il se trouve cependant que, en dépit de la beauté du scénario qui met en scène par le biais de ses personnages poétiquement interprétés par Tounès Aït-Ali, Aya Hamdi et Amor Hakkar la noblesse des Aurès, le film se révèle long – même s'il n'est que d'une durée de 82 minutes – et, du coup, lent, monotone. Il se présente comme une route longue, droite, traversant un paysage hostile, uniforme et silencieux. Le regard se lasse vite, créant ainsi un sentiment de malaise et d'impatience. Cette longueur qui est en même temps une lenteur, est telle en raison de l'absence de mouvements : le film est dépourvu d'actions, ces moments d'étincelle qui insufflent à toute œuvre sa dynamique. Il se présente aussi comme une chanson populaire où sont tristement chantées les souffrances d'un père, les peines d'une mère.