Souffle n La manifestation «Alger, capitale de la culture arabe» a permis de relancer l'édition algérienne. Les éditions Apic participent au 12e Sila à travers des nouveautés : Nuit Blanche de Roshd Djigouadi, La géographie du danger de Hamid Skif, Ma planète me monte à la tête de Anouar Benmalek, La fête des masques de Sami Tchak, et On dirait le Sud de Djamel Mati. Elles participent également à travers des traductions - du français vers l'arabe - comme Bab El-Kantara de Najia Aber… «La manifestation «Alger, capitale de la culture arabe» nous a permis de booster le secteur de l'édition, elle nous a permis de travailler, de respirer financièrement», a confié Karim Chikh, directeur des éditions Apic, ajoutant : «Nous espérons que cette expérience ne sera pas ponctuelle, qu'elle sera réitérée l'année prochaine, et qu'elle s'inscrira dans la durée. Elle nous a permis également d'investir le créneau arabe en éditant quelques titres dans cette langue ou encore en en traduisant quelques autres.» L'éditeur a déploré toutefois que le ministère de la Culture ne joue pas tout à fait le jeu. «Le ministère de la Culture a certes entrepris l'initiative que nous saluons et encourageons, d'éditer des livres et de rééditer des titres, mais il aurait été préférable (et plus juste) de confier ce travail de l'édition, aux professionnels en vue de dynamiser le secteur», a-t-il relevé. Et de souligner : «Le ministère de la Culture n'est pas habilité à éditer, c'est aux éditeurs que revient cette fonction.» S'exprimant par ailleurs sur la situation du livre, Karim Chikh ne cache pas son pessimisme. «Je ne cherche pas à savoir où nous en sommes parce que la situation du livre est au même stade, et rien n'est fait jusqu'à présent pour l'améliorer, malgré les promesses.» Et de poursuivre : «Il reste en revanche à espérer un changement avec la création du Centre national du livre.» Il est à relever que la création du Centre national du livre, un centre chargé d'aider les éditeurs à publier en amortissant financièrement le coût de la publication, a été annoncée il y a de cela une année, mais il se trouve que rien n'a été encore entrepris jusqu'à maintenant. Cela demeure des paroles seulement. Interrogé ensuite sur sa participation au 12e Sila, l'éditeur a expliqué : «Un salon international est un événement important pour un éditeur, car il permet notamment à de jeunes maisons d'édition comme la nôtre, d'évaluer le marché du livre et de s'y positionner, et en tant qu'éditeur national, cela me permet de communiquer, d'être en contact direct avec le public, de créer des liens. Le plaisir dans un salon, c'est bien de rencontrer des lecteurs sincères qui nous encouragent dans notre travail à surmonter les difficultés. Ils sont rares, c'est vrai, mais ils sont là, ils existent», a-t-il ajouté. l S'agissant de la manière dont le 12e Sila se déroule notamment sur le plan organisationnel, Karim Chikh n'hésite pas à émettre quelques critiques. «Nous sommes là, à la 12e édition de ce salon, et nous n'arrivons à comprendre pourquoi ce sont les mêmes problèmes qui reviennent chaque année surtout pour les éditeurs étrangers qui sont confrontés à chaque édition au problème du transit. Chaque année ces éditeurs ont des difficultés à acheminer à temps leur livre au salon. Nous nous apercevons que, les premiers jours du salon, la moitié des stands est vide.» Effectivement, ce n'est qu'à partir du 3e jour que certains exposants ont commencé à recevoir la livraison de leurs ouvrages, à l'exemple des éditions El Farabi (Liban). Si ce retard est imputé à des démarches administratives, donc bureaucratiques, le comité d'organisation, quant à lui, en impute la responsabilité aux éditeurs qui ont pris du retard à répondre aux formalités d'inscription et de livraison. En effet, les participants au Salon avaient le temps de confirmer leur participation jusqu'au 31 juillet, et de livrer leurs livres jusqu'au 30 septembre. La question est : à qui réellement la faute ? Puisque les uns incombent le dysfonctionnement aux autres. Le responsable des éditions Apic regrette ensuite que l'espace d'exposition ne soit pas à la hauteur d'un salon international. «Nous avons un bel espace, spacieux et aéré, mais l'état où il est, un état d'abandon et de dégradation, ne convient pas à l'image d'un salon de livre d'envergure internationale. Ça manque d'entretien et on a l'impression qu'il s'agit d'un marché», a-t-il constaté. Et de s'interroger : «Je ne comprends pas pourquoi la Safex n'envisage pas de restaurer les espaces pour donner une meilleure vue du salon ?»