Problématique n Cette année, les autorités saoudiennes, et pour éviter tout attroupement, ont décidé de ne prendre en compte que les visas accordés dans le cadre réglementaire. «Nous n'allons pas autoriser les gens à s'agglutiner devant notre ambassade pour avoir un visa. D'ailleurs cette année, il n'y en aura pas !» C'est en ces termes qu'un diplomate saoudien, ayant requis l'anonymat, a formulé le niet catégorique de son pays d'accorder des visas «spécial hadj» sur passeports ordinaires à des Algériens qui n'ont pas eu la chance d'être tirés au sort ou à ceux qui ont pris l'habitude de partir aux Lieux Saints de l'Islam en pèlerins libres. D'ordinaire et à quelques encablures de chaque pèlerinage qu'il pleuve ou qu'il neige, des centaines d'hommes et de femmes prenaient l'habitude d'élire domicile, dans des voitures, voire sous des tentes, assiégeant carrément la bâtisse de l'ambassade du royaume saoudien à Hydra. Ainsi, et pour éviter les embouteillages devant l'ambassade, les services consulaires ont décidé, pour cet exercice, d'accorder un quota supplémentaire de 1 000 visas «spécial hadj» au département algérien des Affaires religieuses, histoire aussi de «se dessaisir définitivement du dossier». Mais ce quota supplémentaire n'est certainement pas de nature à apaiser les tensions. On redoute, du côté algérien comme du côté saoudien, l'attroupement des potentiels ahrar qui espèrent par leur entêtement et leur témérité ne quitter l'ambassade qu'une fois le fameux sésame en poche. Pour parer à toute présence inconvenante de ces indésirables invités, un renfort supplémentaire d'agents de l'ordre est attendu pour les jours à venir devant l'ambassade de l'Arabie saoudite. Même l'accès devra se faire au compte-goutte. Ces mesures plutôt draconiennes n'ont été décidées que parce que par le passé, beaucoup d'Algériens passaient des jours et des nuits en essayant de s'introduire dans l'enceinte même de l'ambassade, comme si tous les coups étaient permis pour obtenir le très convoité «visa de la vie». Les scènes de ces attroupements de la dernière chance se faisaient nombreuses surtout lors des derniers jours précédant le départ vers les Lieux Saints, durant lesquels les nerfs étaient souvent à fleur de peau notamment avec la course contre la montre que tout le monde devait amorcer. Le problème de la réservation et l'achat des billets d'avions surgissent presque au même moment. Une fois le visa acquis, le futur hadj doit faire vite pour acheter un billet auprès des compagnies étrangères car il est admis que la compagnie nationale Air Algérie n'est habilitée à prendre dans ses 151 vols à destination de l'Arabie saoudite que les pèlerins inscrits dans la «bi'ita». Ainsi, ceux qui avaient auparavant la chance de se procurer un visa hadj sur passeport ordinaire, prenaient généralement attache avec deux compagnies aériennes : Turkish Airways et Syrianair. La première acheminait les hadjs vers Djedda via Istanbul tandis que la seconde les acheminait directement vers Damas, là où après une nuit ou deux passées dans la capitale syrienne, les hadjs prenaient directement la direction de Médine, en passant par le point de passage de Aqaba, dans l'extrême sud du territoire jordanien, soit un périple désertique de plus de 1 400 km, heureusement dans des bus climatisés.