Trafic n L'Irak en plein chaos peine à protéger son patrimoine culturel, objet de toutes les convoitises, et a besoin d'une aide internationale pour faire face au pillage et à la détérioration de ses biens. Entamée en 2003 avec le pillage du musée de Bagdad, dans le sillage des troupes américaines entrées dans la capitale irakienne, la razzia sur les objets archéologiques et culturels n'a jamais cessé, favorisée par le chaos et l'anarchie régnant dans le pays. La situation sécuritaire et politique a relégué en arrière-plan la question du patrimoine, mais il faut agir «tant qu'il en est encore temps», a souligné la directrice générale adjointe pour la culture de l'Unesco, Françoise Rivière. «Nous sommes confrontés à un très grand défi pour préserver nos monuments et nos sites des pillages», a expliqué le directeur des fouilles au ministère irakien de la Culture, Qais Hussein Rashid, présent à Paris dans le cadre d'une semaine culturelle irakienne organisée à l'Unesco. «Plusieurs mesures ont été prises, mais elles restent très modestes», a-t-il dit. «Nous traduisons devant les tribunaux ceux qui sont pris à piller, nous organisons des tours de gardiennage» sur les sites en péril, a-t-il expliqué, reconnaissant qu'il s'agissait de «mesurettes» comparé à l'ampleur des vols. L'Irak a mis en place, avec l'aide de l'Unesco, une force spécialisée, mais cette force compte 1 400 hommes pour 12 000 sites archéologiques en Irak, a-t-il poursuivi. «Il nous faudrait des systèmes de surveillance à distance, des barrières», a-t-il ajouté. Or, selon M. Rashid, l'Irak fait face «à un plan très agressif de la part des marchands d'art». Les objets archéologiques et biens culturels irakiens suscitent effectivement de grandes convoitises sur le marché de l'art. Certains objets pillés depuis 2003 figurent sur une liste rouge dressée la même année par Interpol et le Conseil international des musées, mais le trafic prospère toujours, particulièrement sur Internet. Le patrimoine culturel irakien est également menacé par le manque d'entretien et la déshérence, a poursuivi Mme Amira Idan, directrice des antiquités au ministère de la Culture irakien, soulignant que «les forces étrangères ont parfois participé à la dégradation des sites». Elle a cité «la destruction d'un portail historique» par des véhicules blindés américains, ou encore les dégâts causés par l'installation, en avril 2003, d'une base militaire sur le site de Babylone.