Texte n En vertu de la loi régissant l'exercice syndical, chaque organisation doit représenter 20% de son effectif pour obtenir un agrément. Cette disposition qui, initialement, ne semblait pas arranger les syndicats, constitue, aujourd'hui, une preuve, selon le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), que les syndicats agréés sont bel et bien représentatifs. Outré par les déclarations du président de l'OIT en Algérie, Abdelmalek Rahmani a tenu à faire remarquer que «la représentativité des syndicats autonomes et plus particulièrement le Cnes, peut se vérifier à travers les chiffres avancés par le ministère de l'Enseignement supérieur concernant le suivi des grèves auxquelles nous avons appelé». Le multisyndicalisme est en phase de construction, selon notre interlocuteur, qui estime que «ce droit n'est pas encore ancré dans nos mœurs et dans notre culture». Cette lecture dénote, quelque part, l'absence de volonté des pouvoirs publics à laisser la société s'ouvrir sur la diversité, laisse-t-il entendre. «Le multisyndicalisme est un mouvement de société qui doit être accompagné et non pas démoli. Les autorités publiques demeurent méfiantes quant à cette ouverture. C'est pourtant à elles qu'incombe de faire un travail équitable et éviter les vieux réflexes. Nous attendons des pouvoirs publics une démarche de régulation et non de discrimination. L'ouverture concrète à la démocratie est une question fondamentale», explique M. Rahmani. Comme pour appuyer ses dires, le Cnes a tenu, par ailleurs, à mettre en relief les contraintes rencontrées par les syndicats autonomes sur le terrain. Ces derniers assistent depuis quelque temps, affirme-t-il, «à des harcèlements judiciaires sans précédent, ce qui ne manque pas de pousser ces syndicats à avoir des réactions extrémistes, voire des actions spectaculaires». Pour assurer une cohésion sociale, le président du Cnes estime que «les pouvoirs publics doivent cesser de diaboliser les syndicats autonomes». Cette autonomie exprime, selon lui, le vœu de ces syndicats «d'être en marge des manœuvres politiciennes. C'est un point essentiel pour l'autonomie de notre action et de notre décision». Les déclarations du Cnes et celles des autres syndicats autonomes laissent, ainsi, croire que ces derniers ont atteint une certaine maturité qui leur permet de dépasser cette frontière très subtile entre la politique et l'action syndicale. Pourtant, ils restent très dépendants des moyens mis à leur disposition et de la politique des pouvoirs publics.