Implication n «C'est par un devoir de mémoire que j'ai réalisé mon film, j'y ai fait un travail de mémoire pour que personne n'oublie». C'est ce qu'a déclaré, hier, à la salle el-mougar, lors d'une conférence de presse, Fatima Belhadj, à propos de son film Mel Watni devant sortir prochainement dans les salles. Le film raconte l'histoire d'el-batoul, une mère ayant à sa charge, après la disparition de son mari, cinq filles et un neveu abandonné par sa mère parce qu'il est handicapé mental. Un jour, sans s'y attendre, le malheur frappe de plein fouet à leur porte : toute la famille se fait massacrer par une horde de terroristes. Ainsi, le film raconte la tragédie algérienne. «La question m'a traversé l'esprit un jour où je me demandais pourquoi la presse met en valeur la mort de quelqu'un de connu, alors que quand il s'agit d'une famille – anonyme – qui est massacrée, on n'en parle que brièvement. On ne lui consacre que deux ou trois lignes», a-t-elle dit, ajoutant : «Je raconte dans mon film l'histoire d'une famille algérienne simple, attentive à ses principes et très attachée aux traditions.» S'agissant de la violence qui traverse, de bout en bout, le film, Fatima Belhadj a déclaré : «c'est la violence dans ses différentes formes qui m'a interpellée et poussée à faire le film, c'est cette violence que je voulais montrer, expliquer. Je cherchais à comprendre les raisons pour lesquelles, dans les années 1990, notre société a basculé dans la violence.» La réalisatrice cherche alors à expliquer l'origine de la violence qui, pour elle, trouve son explication dans la frustration. Autrement dit, la société algérienne entretient et cultive la violence dans les frustrations de tous genres. S'exprimant ensuite sur le titre mel watni , Fatima Belhadj a dit : «C'est vrai, c'est un titre qui renvoie à la chanson de Réda Doumaz. Je voulais d'ailleurs l'utiliser dans mon film, mais ça n'a pas été fait. Le titre est un questionnement. Dans ce titre, on s'interroge.» L'histoire du film, qui se déroule dans un espace clos, raconte une situation conflictuelle due au rapport de la mère à ses filles – une mère autoritaire et des filles qui subissent le diktat maternel. C'est aussi en raison des tensions qu'entretiennent les sœurs entre elles à cause de l'enfermement physique, social et la frustration sexuelle… Ainsi, la vie dans la maison nous rappelle de près Les filles de Bernarda Alba, une pièce de l'Espagnol Federico Garcia Lorca. «En effet, je me suis inspiré de la pièce de Garcia Lorca, mais l'histoire est orientée ailleurs : la mère ne ressemble pas à Bernarda Alba et les filles non plus», a-t-elle expliqué, ajoutant : «C'est l'idée de l'enfermement qui m'a intéressée, c'est pour montrer que l'enfermement se révèle être une autre forme de violence.» Enfin, et au sujet de la manière dont les terroristes sont représentés, la réalisatrice a dit : «Je ne voulais pas montrer des terroristes en barbe et en kamis parce que je voulais séparer l'Islam qui est une religion d'amour, de tolérance et pleine d'humanité, de la violence.»