Le film Mel Watni de la réalisatrice est scénariste Belhadj est à l'affiche au Mougar. Les spectateurs en sont sortis tout groggy par la vue du sang et en raison des réminiscences. C'est que Fatima Belhadj, réalisatrice et scénariste du film Mel Watni projeté, samedi, à la salle El Mougar a fait le pari quelque peu ardu, de faire un flash-back sur les années de tragédie, sans pour autant en expliquer les véritables ressorts. Le choix de la catégorie sociale, des femmes recluses dans leur appartement, en est certainement pour beaucoup. Chafia Boudraâ qui campe le rôle fétiche, qui lui colle à la peau, de « femme courage » rappellera à beaucoup La Grande maison de Mustapha Badie, tiré de la trilogie dibienne. Le parallèle avec ce film est vite fait : même violence dans le verbe et même désespoir. La veuve occupée par un quotidien qu'elle « gère » seule avec ses cinq filles « bayret » (célibataires), reprend une thématique essorée à force de trop servir dans un cinéma algérien toujours « enfermé » dans le gynécée. Le film, réalisé à la maison Pouillon par celle qui s'est spécialisé dans les sitcoms « hrira », est très dur : à la voix dure des protagonistes, succéderont les crépitements des armes. L'atmosphère y est étouffante en raison des injures de la mère qui n'a pas fait le deuil de son conjoint décédé. Néanmoins, les échos du « dehors » deviennent pourtant persistants et la tragédie interviendra lorsque la veuve fut confrontée à l'assassinat d'un policier dans un quartier populaire. Les terroristes qui l'ont suivi à la trace, s'introduiront sans coup férir dans la patio de la grande maison et l'achèveront avec ses cinq filles et sa sœur morte dans son sommeil. Seul le fou, rôle joué par Salah Aougrout survivra. Cette fin tragique d'une vie qui l'est plus, laissera beaucoup de spectateurs sur leur faim. Hésitantes par moments, les prises alourdiront davantage les scènes de ce film noir de bout en bout. La villa Raïs Hamidou (ex-Pouillon) abritera les « problèmes sexuels » de ces filles « bayret » qui attendront leur prétendu prétendant. La seule qui s'est trouvé un « homme » fut trahie par sa sœur qui fréquente l'école. ` Les clichés auxquels on s'est habitué auront toujours la peau dure, regretteront certains qui y ont vu le rejet. Par cette manière de faire, la réalisatrice a-t-elle fait le pari de conjurer les maux d'une société qui est toujours hantée par ses démons ? La violence multiple dont souffrent les Algériens chez eux et dans la place publique connaîtra-t-elle son épilogue ? Rien n'est moins sûr. La fin tragique des membres de cette famille, malgré l'apparition de la lune, symbole d'un bonheur, renseigne sur l'avenir du pays, bouché à tout point de vue.