«Dis-moi quelle voiture tu as, je te dirai qui tu es», est l'expression qui reflète le mieux cette nouvelle tendance chez les jeunes Algériens pour lesquels – du moins pour une grande majorité – la notion du bonheur est à chercher dans l'argent et la «matière» . Si cette réalité existe dans beaucoup de pays du tiers-monde où posséder une voiture est devenu un élément essentiel de distinction sociale, en Algérie cette mentalité existe peut-être plus qu'ailleurs. Cependant, il faut reconnaître qu'il y a voiture et voiture. «Autrement dit que même chez les ‘'véhiculés'' il y a un certain classement», explique Mlle S. Farida, sociologue, qui ajoute que depuis une dizaine d'années, la société algérienne est devenue très distinctive dans tous les domaines «après la politique, le régionalisme, la religion, les portables, aujourd'hui c'est selon ce que tu conduis que tu es jugé, valorisé ... estimé». Une tendance vérifiée, car si on demande aujourd'hui à n'importe quel adolescent : quel est son rêve ? La réponse sera certainement : «être riche et… posséder une voiture.» La voiture ! Cette «chose» considérée jadis comme un accessoire que seulement les riches pouvaient s'offrir, devient aujourd'hui indispensable et tout le monde voudrait en posséder une, dans une société qui avance à 100 à l'heure . En Algérie, la voiture constitue toute une culture. Les adolescents ne jurent que par elle. Cependant, et paradoxalement les jeunes appellent ce précieux engin «h'dida», «de la ferraille», un terme utilisé pour dévaloriser quelque chose dans le langage populaire.