Munis de visa touristique, des praticiens étrangers viennent faire, chaque week-end, des interventions chirurgicales dans quelques cliniques privées et reprennent l'avion le samedi sans assurer le moindre suivi des malades. De telles pratiques et bien d'autres ont été vigoureusement dénoncées par l'Ordre des médecins. Des médecins étrangers viennent exercer dans les cliniques privées les week-ends (jeudi-vendredi) et prennent l'avion le samedi, en emportant avec eux des liasses d'euros et en laissant les malades livrés à leur sort, une fois réveillés de l'anesthésie et dans les difficiles moments du suivi post-opératoire, où la présence du chirurgien est pourtant plus que nécessaire. C'est pour dénoncer cela, entre autres, que l'Ordre national des médecins a jugé utile de tirer la sonnette d'alarme au détour des 6es rencontres nationales d'éthique et de déontologie médicales, jeudi, à l'hôtel El-Aurassi en présence de plus de 600 praticiens venus des quatre coins du pays. «Il y a eu, à notre connaissance, quelques autorisations qui ont été données à des médecins étrangers, en particulier des Polonais pour qu'ils exercent dans des cliniques privées, surtout en matière de chirurgie cardiaque. Ils viennent en touristes et munis de visa touristique le week-end, ils font des interventions chirurgicales et repartent le samedi sans assurer le moindre suivi post-opératoire. C'est très grave, Je me pose aujourd'hui une question : où est la place de l'éthique dans tout cela ?», s'est indigné le Dr Bekkat Berkani, président en exercice de l'ONM et d'ajouter : «Comment pourrions-nous juger de la capacité de ces médecins qui ne sont pas encore membres de la communauté des praticiens ?». Même si le conférencier n'a pas cité, on ne sait pour quelle raison, les noms des cliniques incriminées et qui s'adonnent systématiquement à ce genre de pratiques «au mépris de l'éthique et de la déontologie», il s'est, en revanche, opposé fermement à cette «ruée vers l'or» des étrangers, facilitée par «des autorisations de complaisance», car, estime-t-il, «l'Algérie n'est pas un champ d'expérimentation». «Notre pays doit compter sur ces 36 000 médecins répertoriés en Algérie et reconnus comme tels par l'Ordre national des médecins et ensuite sur ceux qui sont à l'étranger. Dans un Etat de droit, nous pensons qu'il faut protéger les intérêts de la médecine algérienne comme nos collègues étrangers protègent les leurs. Je pense, là, essentiellement, aux 2 000 médecins algériens qui sont en France et qui malheureusement n'ont aucun statut particulier». Le Dr Bekkat Berkani se pose, du coup, moult questions au sujet de cette armada de médecins étrangers sollicités : quelle est la nature de leurs responsabilités civile et pénale ? Quel est leur statut ? Comment sont-ils payés ? «A ces interrogations, point de réponses», admet-il, dépité.