Implication n Les révélations faites à travers les illustrations cliniques qui vont suivre, confirment la lourde responsabilité de la famille et de la justice dans la prolifération de ce phénomène. Nadia Houhat, psychiatre au Chu Mustapha d'Alger, raconte le drame d'une mère de famille persuadée que son mari abuse sexuellement de son enfant âgé d'à-peine six ans. «La mère et l'enfant étaient accompagnés par l'oncle maternel qui semblait être inquiet pour l'avenir de sa sœur, déterminée à faire des révélations compromettantes pour sa famille, notamment pour le mari», raconte le Dr Houhat. L'oncle entre en premier et demande un entretien en privé avec le médecin. «Mon objectif est de sauvegarder l'union d'une famille. Ma sœur est convaincue que son mari abuse de son enfant ; y a-t-il pas un moyen d'éviter les dégâts ? Et même s'il y a abus, on peut y remédier. Il suffit de traiter l'enfant, n'est-ce pas ? D'autant plus qu'il n'y a pas de preuves. Et puis, je n'arrive pas à y croire, mon beau-frère est un homme qui occupe un poste de responsabilité et il est vénéré par tout son entourage», tente de convaincre cet oncle qui veut, vraisemblablement, épargner la famille d'un scandale. Après l'oncle, le Dr Houhat reçoit la mère. Très anxieuse, elle paraissait porter sur ses épaules le fardeau d'une profonde tristesse. La mère n'a pris conscience de la gravité de la situation que lorsqu'elle a révélé au médecin traitant son petit garçon que son mari dormait tous les soirs avec son fils. C'est, ainsi, que «le médecin a commencé à se poser des questions», dit-elle. «Cette situation dure depuis plusieurs années. Dès les premiers mois après la naissance de notre enfant, mon mari commençait à quitter la chambre discrètement au milieu de la nuit pour aller rejoindre le lit de son fils. Je ne pouvais pas douter de lui, car c'est un homme pieux et pratiquant. Ma famille refuse de me croire, mais moi, je suis aujourd'hui certaine que mon petit garçon souffre depuis longtemps. Il a tout le temps essayé de me lancer des messages que je n'ai jamais su décoder. Il lui arrivait de refuser d'aller dormir avec son père et venait se réfugier dans mes bras en pleurant à chaudes larmes. C'est grâce au médecin traitant, qui a réussi à le mettre en confiance, qu'on a pu comprendre les raisons de sa souffrance.» L'autre affaire révélée par le résau Wassila à travers Mme Latéfa Belarouci, une autre psychologue clinicienne au secteur sanitaire de Sidi-M'hamed est celle de Mounir, un enfant de 7 ans. L'enfant consulte régulièrement le Dr Belarouci pour des difficultés scolaires, troubles de l'attention et bégaiement. La mère signale d'emblée que Mounir subit, depuis l'âge de 4 ans, des agressions sexuelles de son propre père. Elle a entrepris des démarches judiciaires, dès la première agression. A commencer par la consultation médicale et dépôt de plainte auprès du commissariat. Son objectif était d'annuler le droit de visite en attendant le jugement du père. Toutefois, la réalité fut autre. Avec la lenteur de la justice, la mère a décidé de protéger son enfant en interdisant au père de venir prendre son fils le week-end. Le père réagit en saisissant la justice et la mère est condamnée à 11 mois de prison avec sursis. Les parents de Mounir avaient divorcé après cinq mois seulement de mariage. C'est le père, lui-même, qui a fait la demande de divorce après avoir avoué à son épouse qu'il ne s'était marié que sur pression de sa famille, et qu'il était homosexuel.