Rencontre n Alger accueillera le 3 décembre, à la salle Ibn Zeydoun (Riad-el-Feth), la seconde édition du Festival international de la musique arabo-andalouse. Le Festival verra la participation de plusieurs formations musicales algériennes - Gharnata, El-Andaloussia, Dienadia, Erachidia… - et d'interprètes étrangers de la musique classique, populaire, rituelle ou encore religieuse -, Hassan Tabar (Iran), ensemble de musique arabe de l'opéra du Caire, Broken consorts de Tours (musique anglaise des XVIe et XVIIe siècle), Ross Daly quartette (musique crétoise), Juan Carmona (musique flamenco), Naseer Shamma (Irak), musique de la renaissance et du baroque… Ce rendez-vous musical se veut également un forum de débat et d'échange, d'où la tenue, en marge du festival, de conférences autour de thèmes relatifs à la musique andalouse qui a acquis une portée universelle. Ainsi, des professionnels, voire des professeurs de la musique andalouse comme Gouja, Aydoun Ahmed (Maroc) ou encore Hamdan Hadjadji (Algérie) animeront des séminaires – les conférences auront lieu à l'Institut supérieur de musique – autour de ce patrimoine musical et de ses influences diverses. Les thèmes retenus sont : «Musiques maghrébines : problèmes et perspectives», «La science occidentale et notre musique : les rapports mitigés», «Ibn Al-Labbâna Abû Bakr ad Dânî : le symbole de l'amitié» «Notre souci consiste, à chaque fois, à créer des événements autour des cultures et des savoirs et d'engager un échange libre avec le public», ont déclaré les organisateurs à leur tête Rachid Guerbas, commissaire du festival. Il est question, lors du premier séminaire, de réfléchir sur une démarche, voire une politique permettant, à coup sûr, de préserver le patrimoine musical maghrébin – qu'il soit de nature classique, populaire ou religieuse – de la déperdition dans un temps où les nouveaux courants musicaux occidentaux s'imposent aux sociétés maghrébines. En effet, le patrimoine musical maghrébin – un héritage ancestral, riche et varié – est en train, selon les spécialistes, de se désintégrer et de s'altérer par manque de pratique, de maîtrise et de fonctionnalité, et également sous l'influence de la culture occidentale. Cet état critique du patrimoine musical maghrébin suppose d'emblée des questions telles que «Comment redéfinir ce patrimoine ?», «Comment le sauvegarder ?», «Comment le réintégrer et le refonctionnaliser dans les nouveaux cadres de production musicale et par rapport aux exigences artistiques et esthétiques actuelles ?» Toutes ces questions seront posées et débattues. «Peut-on qualifier de classique la musique maghrébine dite andalouse ?» est une question qui sera abordée par Aydoun Ahmed lors du deuxième séminaire, alors que Hamdan Hadjadji évoquera le poète andalou, Ibn Al-Labbâna Abû Bakr Ad- Dânî, très connu pour sa verve poétique, et évaluera son diwan. Enfin, des master-class, qui regrouperont les étudiants de l'Insm avec des membres des associations marocaines et tunisiennes et du trio Chagar de France, font partie du programme tracé dans le cadre de ce festival. A signaler que ce rendez-vous musical s'étalera jusqu'au 13 décembre. La soirée d'ouverture sera animée, en compagnie de l'ensemble régional d'Alger, par Nadia Benyoucef, interprète de la chanson hawzie. l Interrogé sur l'état des lieux de la musique arabo-andalouse, Rachid Guerbas a souligné l'apport significatif des associations et formations qui, par leur dévouement pour cet héritage musical ancestral, ne cessent d'œuvrer pour sa sauvegarde et son legs aux générations futures. «Les associations ont joué un rôle fondamental dans la préservation du legs musical andalou», car «entièrement dévouées à la seule divulgation de ce considérable héritage, elles ont fait l'essentiel en œuvrant à la seule véritable sauvegarde de ce riche patrimoine : la formation. Grâce à l'abnégation des associations et des nobles et désintéressés amateurs qui les composent, il est heureux de voir fleurir cette musique dans de nouvelles régions et conquérir de nouveaux cœurs. Leur interprétation est rafraîchissante et l'émotion qui se dégage de cet amour naissant est saisissante. Leur présence honore notre festival : elle est un droit et un signe de reconnaissance de la qualité de leur travail et de leur engagement jamais démenti.»