Prenant le relais du terrorisme, le grand banditisme adopte ses méthodes pour perpétuer un climat d'insécurité et terroriser les citoyens. Si ici, nous prenons l'exemple de Tizi, le phénomène concerne également d'autres wilayas. Le crime organisé ne cesse de prendre de l'ampleur dans notre pays. Phénomène de l'après-terrorisme, il a hérité des méthodes de ce dernier et les a développées pour constituer aujourd'hui une véritable menace à laquelle font face les services de sécurité qui sont appelés à perfectionner leurs méthodes. «La lutte contre le crime organisé demande beaucoup de moyens humains et matériels», souligne le commissaire de la police judiciaire de la sûreté de wilaya de Tizi Ouzou. C'est dans cette optique que la Direction générale de la sûreté nationale (Dgsn) pour ne citer que le corps de la police, a renforcé les moyens humains et matériels des sûretés de wilaya et procédé à la mise en place du nouveau dispositif pour rendre la lutte contre le crime organisé plus efficace. A la sûreté de wilaya de Tizi Ouzou, les services de la police judiciaire ont vu la mise sur pied de deux nouvelles brigades : la brigade d'investigation et de recherche et la cellule d'analyse criminelle qui analyse le fonctionnement des groupes de malfaiteurs (évolution, zone d'activité, interconnexion…). Les résultats d'analyses permettent l'adaptation des méthodes de lutte au fonctionnement des groupes de malfaiteurs, nous explique M. Bouda, chef de la cellule d'analyse criminelle. A titre d'exemple, si par le passé la BMPJ procédait à l'interpellation d'un élément du groupe sitôt qu'il est identifié, à présent l'interpellation n'intervient qu'après l'identification du chef du groupe. Cela s'explique par le fait qu'avant il n'y avait pas d'interconnexion entre les groupes de malfaiteurs et que le chef était connu par ses éléments, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui car le banditisme a développé des méthodes basées beaucoup plus sur la discrétion. La recrue ne connaît le chef que par son pseudo et ce dernier utilise souvent une cagoule rendant son identification difficile. Ainsi les éléments d'un même réseau (le réseau comporte plusieurs groupes et possède des ramifications à travers la wilaya et dans d'autres) ne se connaissent pas entre eux ; seuls les chefs se connaissent et assurent l'interconnexion. Et ce sont ces derniers qui sont ciblés en premier. Les réseaux de crime organisé ne se spécialisent pas dans un seul crime. A titre d'exemple, parmi les chefs d'accusation retenus contre le réseau qui vient d'être démantelé à Tizi Ouzou figurent l'apologie du terrorisme, les vols qualifiés avec arme à feu, les coups et blessures volontaires, la séquestration, la création d'un climat de terreur, l'organisation de faux barrages… Cela dit, les services de la police judiciaire ont porté un grand coup au crime organisé par le démantèlement du réseau qui était à l'origine des vols de véhicules commis à Tizi Ouzou depuis 2005. Un réseau qui a semé la terreur sur les routes de la wilaya.