Scène n La compagnie théâtrale Etanchit Ethaqafi de Guelma présentera, aujourd'hui, à 15 h, au Théâtre national la pièce Vif ou Mort. Écrite et mise en scène par Abdelwahab Bouhamam, la pièce se déroule dans un cimetière abandonné. C'est l'histoire de Yahia, un homme associal qui rompt toute communication avec les siens. Sa rupture avec la société est marquée par son refuge parmi les morts. Il va y chercher un emploi, un sens à la vie, il va y chercher la vérité. Si les hommes ne communiquent plus entre eux, c'est parce qu'ils ne se comprennent plus. Le metteur en scène, Abdelwahab Bouhamam s'exprime sur le contenu de la pièce : «Nous vivons dans une société où l'homme connaît une crise. Nous vivons une crise d'homme. Celui-ci s'avère aujourd'hui dans l'incapacité de communiquer avec les siens en raison de l'absence de conscience et également d'espoir, donc de confiance en soi.» Ainsi, ce malaise existentiel fait que l'homme rompt tout lien avec ses semblables et s'en va se réfugier dans un monde froid, mort. Pourquoi un cimetière ? «Le cimetière représente pour l'homme, et cela d'un point de vue philosophique, un lieu d'histoire et de mémoire. Les morts signifient – au plan symbolique – le passé ; et Yahia, mal à l'aise dans ce vertige et marasme existentiel, s'évertue à y trouver l'origine de ce mal qui ronge la société. Il tente d'y trouver la vérité. Interrogé plus tard sur sa compagnie théâtrale, Abdelwahab Bouhamam répond : «Il s'agit d'une coopérative. Depuis sa création en 2003, elle n'a pas cessé d'œuvrer de manière à promouvoir la pratique théâtrale en dépit des difficultés que nous rencontrons au quotidien. Il y a un travail aussi de formation.» Il regrette l'indifférence des pouvoirs publics de la ville de Guelma à l'égard du théâtre. Pourtant, rappelle-t-il, «la ville de Guelma a deux théâtres, un théâtre romain et un autre municipal construit en 1880, et fermé malheureusement depuis 2002. Cela signifie que Guelma est une ville ayant une longue tradition théâtrale, et ce, depuis l'Antiquité.» Si les autorités justifient la fermeture du théâtre municipal pour des raisons budgétaires, il se trouve que le motif est plutôt politique que financier. «Si le théâtre a été fermé, c'est parce que nous avons joué, en 2001, 132 ans, la pièce de Ould Abderrahmane Kaki ; c'est une pièce qui retrace les différentes étapes de l'histoire de l'Algérie, depuis la colonisation jusqu'à l'indépendance. Cette pièce dérange à plus d'un titre. Elle n'a pas été appréciée. La réaction a été immédiate.» Et Bouhamam de relever que «le théâtre dérange, parce qu'il est un miroir, il renvoie l'image de l'homme que ce dernier refuse. On vit alors dans une société artificielle.» Ainsi, la fermeture du théâtre municipal rend la pratique théâtrale difficile et aléatoire. «Il nous est arrivé de répéter dans une cave», a-t-il dit, ajoutant : «Nous y avons d'ailleurs monté cinq pièces.» En dépit de cela, le travail continue à se faire. «Il y a heureusement des gens qui, par amour pour le 4e art, continuent d'encourager la pratique et la création théâtrales.»