Débat n Un colloque, traitant du thème relatif aux crispations, médiations et métissages en Méditerranée médiévale et moderne, a eu lieu, hier, lundi, à la Bibliothèque nationale. Les participants au colloque ont indiqué que la construction d'une Alliance civilisationnelle en Méditerranée passe «inéluctablement» par le respect de la différence et la consécration de nouvelles valeurs capables de consacrer la solidarité entre les peuples. Dans ce contexte, le Dr Mohamed Kadja (Syrie) a estimé que le penseur Ibn Rochd était «le précurseur du dialogue entre les civilisations dans l'histoire du monde musulman». Il a affirmé, dans le même sillage, qu'«Ibn Rochd a privilégié une méthodologie basée sur la raison pour comprendre la charia», soulignant que «ce penseur ne voyait pas de contradiction entre la charia‚ et le rationnel». Le conférencier a, en outre, relevé la tolérance dans la civilisation musulmane, contrairement au monde d'aujourd'hui qui refuse la diversité et la différence. De son côté, le père Attallah Hana (Palestine) qui a présenté une communication intitulée «l'histoire du dialogue entre les religions dans le Bassin méditerranéen», a plaidé pour l'approfondissement de ce dialogue, dans le but, a-t-il dit, de chercher les points communs entre ces religions, pour sauver l'humanité. Le Dr Houari Touati (Algérie) a soutenu, pour sa part, que la civilisation musulmane ne s'est pas basée uniquement sur l'avènement de l'Islam, à partir du moment où les différentes dynasties musulmanes ont su utiliser l'héritage culturel arabe d'El Djahilia (antéislamique) et les acquis de la pensée grecque. L'ancien ministre, Mohamed Laïchoubi, a, quant à lui, énuméré les enjeux stratégiques qui, selon lui, font douter les analystes de la question de l'Union de la Méditerranée. «Les deux rives du Bassin méditerranéen n'ont en commun que l'insatisfaction», a-t-il estimé, soulignant toutefois que «cette zone de fractures devrait privilégier le projet (d'union) au détriment des valeurs qui ont fait les conflits dans la région». Intervenant sur le concept de «sécurité dans le Bassin méditerranéen», Mme Kladis Matar (Syrie) a relevé que «l'absence de l'équilibre entre les deux rives explique l'insécurité et la persistance des conflits». Et d'ajouter : «La cristallisation d'une identité méditerranéenne a été rendue impossible par les différends relevant du sécuritaire.» Pour Mme Matar, la seule issue pour «ce blocage» réside dans la construction d'une société civile capable, a-t-elle dit, de dépasser les conflits et les fractures. Quant à Mme Leïla Rahabani (Liban) qui a présenté le modèle libanais dans la coexistence entre les religions, elle a estimé que «ce pays menacé par la balkanisation dérange dans la région de par sa capacité à réduire les différences religieuses et à rendre le dialogue entre ces religions possible».