Préoccupation n Amina et Fatiha sont enceintes, respectivement de 8 et 7 mois. Amina est très inquiète car elle va accoucher dans moins de 15 jours. «où vais-je aller avec mon bébé ? Je suis déjà malade à cause du froid et j'ai été hospitalisée à deux reprises depuis que nous sommes ici. J'ai mal au dos et je souffre», nous dira Amina, agée seulement de 24 ans. Son premier enfant, âgé de 2 ans, souffrait d'une bronchite aiguë ayant empiré à cause du froid, selon elle. Fatiha, qui est à son 7e mois, a, également, peur de perdre son bébé. «je suis malade et j'ai également froid comme tout le monde ici. Je veux qu'on en finisse avec ce cauchemar», nous dit-elle. Elle nous raconte, amèrement, son expérience lors du débordement de l'oued : «nous avons marché vers la ville de Sidi Ghilès toute la nuit du 28 novembre, nu-pieds sous une pluie torrentielle. Enfants et adultes, nous étions tous trempés jusqu'aux os. Nous avons traversé la route en passant par Haouch Zidour dans des endroits qui font très peur. Nous nous sommes dirigés vers le siège de l'APC, que nous avons trouvé fermé, puis nous avons été orientés vers cette école.» «D'ailleurs, à chaque intempérie, nous n'envoyons pas nos enfants à l'école. Car, ils ne sont jamais bien accueillis, et lorsqu'ils arrivent en retard on les renvoie», reprendra sa voisine. Ammi Mouloud Chami, chef d'une famille de 9 personnes dont 4 des orphelins recueillis, dort, depuis le premier jour, avec son voisin dans le hall de l'école. «nous avons revêtu plusieurs habits pour résister au froid. Nous mettons nos femmes et nos enfants à l'abri du froid dans la mesure du possible.», dira-t-il. Il nous montre sa maison à oued el-karmoud. Une maison juste au bord de l'oued et qui risque de s'effondrer d'un moment à l'autre. «Déprime totale ! chaque année nous visitions les morts la veille de l'aïd et les vivants le jour de l'aïd. Mais cette année nous n'avons rendu visite ni aux uns ni aux autres. Nous sommes les morts et les vivants qui ont besoin d'être visités !», reprend Ammi Mouloud. «chaque hiver, nous souffrons au point de souhaiter qu'il n'y ait plus d'hiver», nous dira son épouse. Les sinistrés sont tristes de ne pouvoir passer l'Aïd chez eux. «D'habitude, nous nous rendions au cimetière El-hfiri et chaque Arafa, nous veillions entre familles et voisins. Le jour de l'Aïd, on faisait la sadaka : m'hadjeb, gâteaux, dattes…», se rappelle un autre voisin. «Nous sommes malheureux, cette année. Pas de nouveaux habits pour les enfants et encore moins de mouton», nous dit Zohra, 22 ans.