Mécontentement n Gérant le commerce familial, un magasin de 20 m2 dans une ruelle à El-Biar, Zinou se dit très insatisfait quant aux pratiques de certains grossistes en alimentation générale. Lui d'ordinaire si calme et si peu bavard sort de sa réserve dès qu'on aborde le sujet du commerce devant lui. «Ce n'est pas du commerce qu'on fait, c'est du bricolage. Les commerçants, particulièrement les détaillants comme moi, sont obligés de louvoyer, de jouer sur les marges, trouver des combines pour pouvoir se faire une place», déplore le jeune homme. Pourtant connue de tout le quartier, l'échoppe familiale arrive difficilement, selon Zinou, à couvrir les frais de la famille. «Les affaires ne sont plus ce qu'elles étaient. Avant, un magasin comme celui-là pouvait nourrir une vingtaine de personnes. Maintenant, c'est à peine si à la fin du mois et en termes de bénéfice, je touche le salaire d'un fonctionnaire moyen.» Pour Zinou, le quadragénaire, les raisons de ce recul dans le commerce sont multiples. D'abord, le manque de contrôle et de suivi des commerçants, le non-respect du cahier des charges. Ensuite, le nombre hallucinant de commerces similaires qui, en quelques années, ont littéralement submergé le quartier représentant ainsi une concurrence nombreuse et anarchique. D'ailleurs, en termes de concurrence déloyale, Zinou révèle que les grossistes en alimentation générale sont à la source des principaux problèmes des détaillants. «Ils ne respectent pas leurs cahiers de charges. Ils vendent leurs marchandises aux particuliers et au détail avec des prix déraisonnables nous menant ainsi vers la faillite.» Même si tous les grossistes en agroalimentaire n'agissent pas de la sorte, beaucoup se sont lancés dans ce genre de pratique, atteste Zinou. «On perd de plus en plus de clients. Avant, les gens n'étaient pas tous véhiculés. Par conséquent, ils ne pouvaient pas se permettre de faire des kilomètres pour remplir leurs couffins. Aujourd'hui, les choses sont différentes et les marchés et autres commerces de gros sont à quelques minutes seulement d'ici, alors une fois par semaine, les gens vont faire leurs emplettes chez des grossistes qui ne leur refusent rien. Cédant la marchandise à des prix intermédiaires, entre le prix de gros et celui que nous proposons», constate le commerçant. Cette pratique qui fait des heureux – les clients particuliers et les grossistes – et des malheureux – les détaillants – et dûment constatée par nos soins, est interdite par la loi.