Il s'agit d'un marché qui profite à une large couche de la société, appauvrie par la cherté de la vie de ces derniers temps. Certaines de ces marchandises sont interdites dans les pays d'Europe pour des raisons de non-conformité ou de contrefaçon, quelquefois pour raison d'hygiène de la matière de fabrication. En sillonnant la plupart des centres urbains de la wilaya de Tizi Ouzou, on peut constater le phénomène de ce nouveau créneau commercial en vogue partout la friperie. Dans la ville de Tizi Ouzou, comme dans la plupart des centres urbains, le marché se tient à même le trottoir. Au souk d'Azazga ou de Aïn El Hammam, d'Akbou ou de Tazmalt…, ce commerce parallèle est souvent tenu par des jeunes en quête de ressources. Des habits moins chers, notamment en provenance de Chine, sont proposés ici et là à des prix défiant toute concurrence. Des chaussures en véritable cuir, notamment de marques italienne, et d'autres pays européens, sont proposés entre 1200 et 4000 DA la paire, selon leur état presque neuf ou semi-neuf. Des habits d'Europe ou de stocks américains sont proposés à des coûts abordables, toujours suivant leur état et leur qualité. “Ce n'est pas bon marché, mais c'est plus durable, figurez-vous ! Ça nous permet de réduire un peu nos dépenses”, nous dira un habitué de ces étalages. “Je préfère acheter un pantalon ici que dans une grande surface où je risque de le payer deux fois plus pour une qualité réelle deux fois moins, même si le produit est neuf. Là je parle du produit européen ou américain. La marchandise asiatique…, on fait mieux !” ajoute-t-il. Ces marchés sont généralement alimentés à partir du Sud algérien par des marchandises transitant par Maghnia et Tlemcen…, régions connues pour êtres des plaques tournantes de la contrebande frontalière. En plus des étalages sur les trottoirs, de petits magasins ont fait leur apparition à travers plusieurs localités de Kabylie, proposant des habits et des chaussures d'occasion, vendus à des prix très abordables. Certains ont réussi à ouvrir deux ou trois friperies, ce qui prouve la rentabilité de ce nouveau commerce. Selon nos informations, des associations caritatives, basées sur l'autre rive de la Méditerranée, seraient à l'origine de ce mouvement de friperie. Des effets offerts par des donateurs à des associations humanitaires qui les trient et les emballent pour être expédiés dans des pays du tiers monde, notamment l'Algérie, et d'autres pays d'Afrique en général. La marchandise est facilement écoulée à des grossistes qui la revendent ensuite à des détaillants. Les gains ne profitent pas toujours aux associations qui les cèdent à moindre prix pour compléter leurs subventions. En Algérie, c'est particulièrement par Tébessa que transitent ces fripes, après avoir été acheminés depuis les frontières tunisiennes. “Avant on s'approvisionnait de Tébessa, actuellement, on peut le faire du port d'Alger, de Béjaïa et d'Oran…”, avoue un commerçant à Aïn El Hammam. Pour un autre, “ce commerce est légal. Il existe une clientèle assez large et très intéressante. Il y a de la qualité dans nos produits et les prix sont bien étudiés. Je vends des blousons en cuir entre 2500 et 3000 DA, autrement dit des produits qu'on ne trouve pas à moins de 10 000 DA dans les magasins”, avoue notre interlocuteur, “certifiant” que la marchandise est contrôlée. “Je dispose d'un certificat médical attestant que ces habits ne représentent aucun danger, vu qu'ils ont déjà été utilisés…” En tout cas, ces commerçants disposent de registres et de tout ce qu'il y a de plus légal. “C'est un commerce comme les autres. Moi-même je porte ces vêtements”, nous dira le gérant de l'une de ces “boutiques”. Des acheteurs rencontrés dans ces magasins “en vogue” nous ont fait part de leur satisfaction : “Ce sont des habits de bonne qualité et moins chers de surcroît. Tu ne trouveras pas mieux dans nos “luxueuses“ boutiques. Je viens ici pour faire des affaires…” Ce n'est pas seulement les hommes qui achètent, même les filles viennent s'offrir des “fripa” qui relève de la mode. Dans certains marchés, on peut entendre le crieur appeler : “Fripa, l'bes el-guelil ! Aya fripa, l'bes mlih et bon marché !” Certains énergumènes arrivent même à revendre ces fripes dans des magasins d'habillement neuf. Pour l'un d'eux : “Je choisis ceux qui sont en très bon état et je les revends sous une étiquette de marque...”. C'est ce qu'a a conclu un commerçant. Kouceila Tighilt