Aussi bien notre ministre de l'Energie et des Mines que les experts internationaux de tous bords, prévoient que l'or noir continuera sa percée en 2008 même si une stabilisation est attendue au deuxième semestre de l'année. Dans le sillage de la hausse sans précédent des prix du pétrole qui ont désormais franchi la barre symbolique des 100 dollars, les revenus de Sonatrach ont enregistré en 2007 un nouveau record : 59 milliards de dollars dont 2 milliards représentant l'impôt sur les bénéfices des sociétés étrangères. Cette situation est-elle bénéfique à la compagnie nationale ? Son P-DG répond par l'affirmative : les répercussions de la hausse des prix du pétrole ne peuvent être que bénéfiques pour Sonatrach. «Les prix du pétrole sont volatiles et les prix du gaz sont liés à ceux du pétrole et aux produits pétroliers, donc les répercussions sur Sonatrach, qui sont en fonction des prix de notre gestion, ne seront que positives», a, en effet, affirmé, hier, Mohamed Meziane dans une brève déclaration à la radio. «Cela nous permettra de financer nos investissements», a ajouté le P-DG pour qui il reste seulement à savoir si cette tendance à la hausse va s'inscrire dans la durée. «Le problème, c'est la durabilité des prix, il faut le voir sous cet aspect-là», a-t-il nuancé. Les appréhensions de M. Meziane ne semblent cependant pas avoir lieu d'être. Du moins pour le court terme puisque les experts de tous bords s'accordent à prédire une persistance de la tendance à la hausse des prix. Pour Chakib Khelil, la hausse persistera au moins jusqu'à la fin du trimestre en cours. De son côté, le P-DG du groupe Total a affirmé, hier, qu'il fallait «s'attendre à des prix élevés pendant longtemps», la flambée des prix étant due à la forte hausse de la demande pétrolière mondiale conjuguée avec une faiblesse des capacités de production. Le groupe français a, lui aussi, à l'image des grands groupes pétroliers mondiaux, réalisé des bénéfices record durant l'année 2007 avec un chiffre d'affaires de 153,8 milliards d'euros et des profits de 12,5 milliards d'euros, au moment où l'américain Exxon Mobil frôle les 40 milliards de dollars de profits. Des bénéfices «nécessaires pour l'investissement», justifient les grandes compagnies que les associations de consommateurs en Europe et aux Etats-Unis accusent d'être «derrière la flambée des prix à la pompe, quel que soit le niveau des prix du brut». La pression est, cependant, entière sur l'OPEP qui sera sollicitée comme jamais pour peser de tout son poids afin de calmer le marché. «Ce record va être un véritable déclencheur psychologique pour les pays consommateurs de pétrole.» «Nous allons assister à des pressions de la part des gouvernements sur l'Opep. Mais en définitive, ils arriveront probablement à la conclusion que quelques barils de plus sur le marché ne changeront pas le marché», estime un analyste. Les treize pays membres de l'Opep ont, pour rappel, rejeté des demandes d'augmentation de la production lors de leur dernière réunion en décembre dernier, estimant, à juste titre que toutes les augmentations de production n'ont pas réussi à juguler la hausse vertigineuse des prix. Il faudrait voir peut-être du côté de la spéculation…