Résumé de la 2e partie n Ayant peur de la vengeance des hauts dignitaires qu'il venait de tromper, Djiha organise ses obsèques avec la complicité de sa mère... La mère s'exécuta. Djiha la pria ensuite de placer le panneau de planches au-dessus de lui pour obturer la fosse, sans oublier le petit couvercle mobile sur le trou rond et de parsemer de la terre sur l'ensemble. Les informateurs du café populaire n'avaient pas manqué d'aller annoncer aux notables du grand café l'enterrement de Djiha. Leur réaction fut identique. Chacun se dit en lui-même : «Je vais me venger de ce sacripant. Ce qu'il a fait faire par son âne chez moi, j'irai le faire moi-même sur sa tombe.» Le soir venu, chacun, à tour de rôle, après avoir soigneusement épié qu'il n'y ait personne dans les parages, alla assouvir sa vengeance. Le Ministre des Finances se présenta le premier. Il regarda à droite, il regarda à gauche, déposa son pantalon et s'abaissa. Djiha qui attendait ce geste, avait passé son fer au rouge sur son canoune et, avant que l'autre ait fait «ouf», il le marquait aux parties charnues de son individu. Le Ministre sauta en pieds, se tenant les côtes et se demandant si la tombe de Djiha était gardée par des djinns. Chacun des sept notables subit de la même manière l'épreuve du feu. Chacun garda, comme la première fois, le silence le plus total. Au bout d'un mois, Djiha s'ennuyait dans son trou et ses provisions étaient épuisées. Il résolut de refaire surface. Il se rendit au café populaire de la ville. Les gens écarquillaient les yeux : «Comment, tu n'es pas mort ? Pourtant on t'a enterré... — Ce n'est pas moi que vous avez enterré, c'est mon ombre !» De plus en plus hardi, notre homme se rendit au grand café riche où se réunissaient les notables et il les interpella avec véhémence. Les autres, d'abord interdits, se ravisèrent rapidement en imaginant quelque nouvelle supercherie et se mirent à l'apostropher. Alors Djiha le prit de très haut : «Comment toi, dit-il au Ministre des Finances, tu me traites ainsi, alors que tu n'es qu'un ancien esclave de mon père ! Et toi aussi, cadi, et vous tous, esclaves fils d'esclaves !... — Nous ? Esclaves ? Es-tu devenu fou ? — Ne niez pas. Je sais que vous étiez les esclaves de mon père ! Je vais vous attaquer devant le roi pour me manquer de respect.» Les badauds avaient afflué. Le scandale devenait intolérable. Les sept notables, Djiha et la foule des spectateurs s'en furent donc devant le roi. Là, Djiha continua ses imprécations contre ces anciens esclaves de son père. Et le roi lui dit : «Djiha, tu n'ignores pas que, dans des accusations aussi graves, tu joues ta tête. As-tu des preuves de ce que tu avances ? — Bien sûr. — Lesquelles ? — Sire ! Demandez-leur de poser leur pantalon...» Et le roi dut convenir qu'ils étaient tous marqués aux initiales du père de Djiha. Alors Djiha conciliant dit au Roi : «Sire ! Je ne vois que deux solutions : ‘'Ou, bien ils continuent à travailler dans votre Administration et alors j'exige la moitié de leurs salaires ; ou bien, ils refusent. Et alors, je les vends...''» Les sept notables acceptèrent la première solution.