Traditions n La célébration de Yennayer revêt un cachet très spécial pour Césarée, la ville antique qu'est Cherchell par ses richesses immatérielles qui rentrent dans le cadre du patrimoine à préserver. La ville renoue, à l'occasion, avec les habitudes et traditions et assure surtout, le regroupement des familles autour de la même table pour déguster les succulents plats de Yennayer et les plus riches friandises djrez. Le premier jour du Nouvel an berbère est, en effet, accueilli avec un rituel qui donne à cette ville son propre cachet par l'art culinaire traditionnel (le couscous au poulet, le r'fis ou le berkoukès) selon les bourses. Les familles achètent des palmiers nains communément connus sous le nom d'el djemmar à pas plus de 30 DA la pièce, des myrtilles el halmouche, un autre fruit qui ressemble aux mûres, connu par lendj ou arbouse ainsi que des friandises et des grenades. Selon M. Abdelkader, un habitant de la ville, chaque famille cherchelloise a son propre palmier nain grâce auquel il sera l'heureux chanceux durant cette nouvelle année s'il y trouve le cœur appelé laroussa. Un autre citoyen nous dira que certaines familles préfèrent acheter des coqs, symbole de force. «Ils sont plus chers que les poules», précisera-t-il nous expliquant que les familles achètent de la volaille déjà déplumée. «On ne peut acheter du poulet avec ses plumes pour éviter d'être déplumés financièrement durant cette nouvelle année !» nous expliquera-t-il. «Djrez» chez les uns et «Treize» chez les autres, le mélange de friandises est composé de bonbons, de glands, d'amandes, de dattes sèches el m'garbaa et de figues karmous. «Actuellement, nous préparons le «treize», selon les bourses de nos clients qui le considèrent comme une obligation et font des sacrifices. La classe moyenne achète un kilo ne dépassant pas les 350 DA et d'autres demandent du luxe composé en majorité de produits importés qui leur reviennent à 600 DA et même plus», nous dira Kheider Zaret, vendeur de friandises au marché de Cherchell. Abdelkader se rappelle que les familles préparent aussi des beignets sur lesquels elles mettent un œuf au milieu et ne prennent comme dessert que «la mandarine» locale appelée par les habitants mandarine arabe. Une citoyenne nous dit que Yennayer est un jour de fête pour sa famille, bien qu'elle constate qu'il n'est plus fêté comme avant. «Je prépare le berkoukès au poulet, la veille et on peint nos maisons». Son amie nous informe, pour sa part, qu'elle prépare un plat local connu par kouirate aux herbes de saison. Un chauffeur de taxi collectif, originaire d'une localité rurale, plus précisément Sidi Semiane, nous informe que sa femme, originaire de Cherchell, lui prépare des plats modernes qu'il n'arrive pas à accepter car il préfère les traditions de sa ville natale. L'essentiel est que Yennayer est dignement fêté à Cherchell et le bébé ou le plus jeune enfant, installé dans une grande gassaâ, se voit versés sur la tête des kilos de friandises pour «sucrer» son année. «On habille l'enfant de ses plus beaux vêtements, on lui fait porter un burnous et on lui met du henné tout en fredonnant des chansons traditionnelles et madihs. On coupe les cheveux de certains enfants pour la première fois», précise El hadja Z'hira.