Diversité n Si certains jeunes diabolisent le mariage consanguin allant jusqu'à l'assimiler à un inceste, d'autres n'y voient aucun problème et justifient ce choix par des raisons économiques et morales. Hamid et Nouredine sont deux frères qui se sont mariés à deux sœurs, cousines à eux. Une union acceptée et saluée par les deux familles. Aujourd'hui, les deux couples ont deux enfants chacun. Pour le moment, les quatre enfants âgés entre 1 et 2 ans se portent très bien, les deux papas sont très confiants et veulent défier la science. «Je ne vois pas de problème dans ce type d'union. Mon père et ma mère sont cousins et la majorité de notre famille a des liens de sang !», affirme Hamid, 33 ans, qui dit qu'il a choisi librement sa femme tout comme son frère. «C'était un mariage d'amour et de fidélité. On a connu nos femmes toute notre vie. C'est une confiance aveugle qui est née entre nous et on sait très bien ce qu'elles valent sur le plan moral et éducatif, on a assumé notre choix», souligne, quant à lui, Nouredine 29 ans. «Etes-vous au courant des anomalies congénitales que risquent vos enfants ?» «Oui, je sais très bien qu'ils risquent de naître mongoliens ou handicapés moteurs. Mais moi, je prends le risque. Je ne veux pas me marier avec une fille étrangère à la famille et avec laquelle je risque de divorcer au bout de six mois», explique Hamid qui a quitté l'école en 9e AF, et qui est né au quartier populaire du 1er-Mai à Alger. Son frère (un niveau de 9e AF lui aussi) dit avoir hésité au début, mais a fini par épouser par amour sa cousine et ainsi respecter la volonté de ses parents qui veulent perpétuer la tradition acquise à Khenchela d'où ils sont originaires. Contrairement à ces deux couples, beaucoup d'autres jeunes ne veulent pas entendre parler d'un mariage consanguin. C'est le cas de Mourad, 35 ans, employé dans une pharmacie à la Place du 1er-mai, qui est totalement contre ce type de mariage. «Je ne peux pas du tout imaginer ça ! Moi me marier avec ma cousine avec laquelle j'ai vécu toute mon enfance et que je considère comme ma sœur ? Jamais !», justifie-t-il. Mourad qui a le niveau terminal et qui a fait un stage pour être vendeur dans une pharmacie est au courant des éventuelles conséquences désastreuses de cette union. «Pour moi, ce mariage est un crime avec préméditation si les parents sont au courant des anomalies congénitales que risque l'enfant. L'enfant a le droit de naître en bonne santé ! Imaginez la peine de ses parents s'il venait au monde trisomique ou handicapé. Sans compter sa peine à lui dans une société qui ne respecte pas qu'on soit différent», argumente ce jeune homme. Brahim, un agent de police au Boulevard Colonel-Amirouche, originaire de Aïn Defla, affirme que, pour lui, le mariage consanguin est une sorte d'inceste. «Pour moi, la fille de ma cousine ou de ma tante est une sœur ! Elle connaît tous mes secrets, ainsi que ceux de ma famille. En plus, en cas de divorce, bonjour les dégâts. C'est tous les membres des deux familles qui seraient en désaccord et cela va créer des rancunes et des haines interminables. Alors que soit maudit ce type de mariage», dit-il. Brahim 32 ans, toujours célibataire, déclare qu'il s'opposerait avec force à la volonté de sa famille si cette dernière voulait l'unir à une cousine. «Je reconnais que cette tradition existe toujours chez nous. Souvent les parents désignent (dès leur plus jeune âge), un futur mari ou une future épouse qui est généralement un cousin ou une cousine.»