Le Chef du gouvernement a, depuis Madrid, évoqué les relations qu'entretient l'Algérie, d'une part, avec le Maroc et, d'autre part, avec l'Espagne. Avec le régime chérifien, les relations sont qualifiées «d'ordinaires», vocable nouveau dans le langage de la diplomatie ayant marqué, jusqu'ici, les rapports entre les deux pays. «Les relations avec nos frères marocains sont ordinaires, mais on aurait souhaité qu'elles soient très bonnes», a souligné Belkhadem lors d'une conférence de presse, en marge des travaux du forum. «Les deux pays entretiennent des relations politiques, culturelles, économiques et autres, mais nous divergeons avec nos voisins sur la question du Sahara occidental que nous considérons comme un problème de décolonisation, dont il faut respecter les résolutions des Nations unies pour permettre au peuple sahraoui de pouvoir s'autodéterminer et décider librement de son destin», a-t-il affirmé dans un message clair à Rabat et, ce, au moment où les négociations de Manhasset près de New York sous l'égide de l'organisation onusienne, demeurent au point mort justement en raison de l'entêtement du Maroc à vouloir à tout prix faire passer son plan de large autonomie sous souveraineté du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée de force par le Maroc en 1975. Le fait que le Chef du gouvernement ait employé le qualificatif d'ordinaire, tranche avec la teneur habituelle des communiqués échangés entre les deux pays. On était habitué à un vocable où les termes de fraternité, de chaleur, de cordialité étaient le plus souvent utilisés pour qualifier les rapports entre les deux pays. Pour ce qui est de l'Union du Maghreb arabe (UMA), M. Belkhadem a indiqué que l'Algérie et l'ensemble de ses partenaires dans la région sont en faveur de l'accélération du processus de la construction de l'ensemble maghrébin. Preuve en est, a-t-il expliqué, «la tenue régulière des réunions ministérielles, à l'exception de celles des Chefs d'Etat». Le Chef du gouvernement a rassuré ensuite que les relations algéro-espagnoles «n'ont pas connu de tiédeur» et a appelé l'Espagne à jouer un «rôle actif» dans la mise en œuvre des résolutions onusiennes pour permettre au peuple sahraoui de «décider librement de son destin». «L'Algérie considère que l'Espagne a une responsabilité en tant que puissance administrante du Sahara occidental et qu'à ce titre elle se doit de jouer un rôle actif dans la mise en œuvre des résolutions des Nations unies pour permettre au peuple sahraoui de décider de son destin conformément aux résolutions onusiennes», a-t-il souligné. Il a reconnu toutefois l'existence d'un contentieux entre les deux pays dans le domaine énergétique qui «n'a rien à voir avec la sécurisation de l'approvisionnement de l'Espagne en gaz algérien». «L'Algérie garantit la sécurité de l'approvisionnement énergétique de l'Espagne, tout comme elle garantit celle du Portugal, de la France, de l'Italie et, sur ce plan, il n'y a aucun contentieux et aucun doute possible, l'Algérie honorera pleinement ses engagements en matière d'approvisionnement», a-t-il encore affirmé. Cependant, il a précisé que le contentieux entre les deux pays est lié à la clause de révision des prix du gaz, expliquant qu'à la signature de l'accord avec l'Espagne, le gaz «était nettement moins cher» et ce contrat prévoyait justement cette clause de révision des prix.